Clinic n° 05 du 01/05/2017

 

RÉGLEMENTATION

Catherine Faye  

La fabrication de prothèses dentaires émet des polluants qui peuvent être inhalés. Les conditions de fabrication et les matériels employés peuvent également induire des effets néfastes pour la santé, non seulement des prothésistes mais également des chirurgiens-dentistes.

Principaux polluants

La silice est présente dans de nombreux produits, principalement dans les matériaux de revêtement mais également, dans une moindre mesure, dans les poudres de céramique, les abrasifs de sablage, les produits de polissage, les matériaux constitutifs de certaines fraises, etc. La silicose est l’affection professionnelle la plus décrite chez les prothésistes dentaires. Cette atteinte pulmonaire grave et invalidante n’apparaît en général qu’après plusieurs années d’exposition et son évolution se poursuit même après cessation de l’exposition. La silice cristalline joue également un rôle certain dans le développement de cancers, notamment broncho-pulmonaires.

Le nickel, le chrome et le cobalt peuvent induire des allergies, des irritations et des pathologies respiratoires et cutanées. L’inhalation de poussières de nickel et de cobalt peut provoquer la survenue de cancers, notamment du poumon. Le béryllium peut également être à l’origine d’une pathologie sévère, la bérylliose. Mais ce constituant n’est pratiquement plus présent dans les alliages.

Chauffées, les cires sont à l’origine de fumées et de dégagements gazeux d’aldéhydes (notamment de formaldéhyde) et de cétones, substances irritantes pour la peau, les yeux et les muqueuses respiratoires et par ailleurs allergènes. Le formaldéhyde peut induire certaines affections cancéreuses (carcinome du nasopharynx).

Le méthacrylate de méthyle monomère est irritant pour la peau et les muqueuses respiratoires, oculaires et nasales (conjonctivite, érythème, etc.). Il induit également des sensibilisations cutanées, de l’asthme ainsi que des atteintes neurologiques.

Autres types de risques

Le travail des prothésistes dentaires est minutieux avec des postures contraignantes, des gestes rapides et répétitifs. Ils utilisent des appareils vibrants, coupants, tranchants. Cela les expose à des risques de blessures, de traumatismes ainsi que de troubles musculo-squelettiques.

Des troubles auditifs peuvent également être rencontrés à la suite de l’utilisation récurrente des polisseuses ou des pièces à main. De même, des atteintes visuelles peuvent survenir, le travail en vision de près étant très fréquent.

Enfin, les empreintes en provenance du cabinet peuvent avoir été imparfaitement désinfectées. Elles sont donc susceptibles de receler des agents infectieux. La transmission peut s’effectuer lors d’une coupure ou d’une piqûre.

La brochure de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) citée en référence propose des pistes d’amélioration des conditions de travail des prothésistes. Mais certains risques sont aussi présents dans les cabinets dentaires. Faute d’une publication de l’INRS spécifique aux chirurgiens-dentistes, la consultation du dossier de l’ADF sur le document unique permettra d’améliorer la sécurité de l’équipe dentaire.

RÉFÉRENCES

→ INRS. Brochure ED 760, Fabrication de prothèses dentaires. Guide pratique de ventilation n° 16. Paris : INRS, 2016.

→ ADF. Grille technique pour l’évaluation des risques professionnels en cabinet dentaire. Aide à l’élaboration du document unique. Paris : ADF, 2013.