Beaucoup d’units dentaires présentent un bloc à gauche du fauteuil, sur lequel trône un crachoir. De là surgit une potence sur laquelle sont attachés des bras articulés, ressemblant tantôt à Shiva, tantôt à une pieuvre angoissante pour les phobiques…
Le but est surtout de permettre aux vendeurs de répondre à toutes les demandes possibles des praticiens au moment de leur achat. C’est ce qui guide actuellement la conception de la plupart de nos units. Pourtant, l’éclairage, les instruments rotatifs, l’écran, l’aspiration et la tablette, bien que réglables dans tous les sens, ne sont jamais au bon endroit et obligent le praticien à des manipulations intempestives, consommatrices de temps et génératrices de mouvements excentrés très répétitifs.
L’origine de cette organisation de nos units est à rechercher chez le barbier chirurgien. Au début du XXe siècle, les patients étaient soignés assis. Le praticien se trouvait debout face au patient, sur sa droite pour les droitiers, afin d’avoir la main droite en direction de la cavité buccale. Il était alors ergonomique de placer les instruments proches de cette main droite, juste à gauche du patient. Ce qui explique les colonnes du type « pompe à essence », réalisées par Ritter (fig. 1) ou White, qui regroupaient tous les instruments au même endroit, proche de la main dominante et de la bouche du patient.
La station debout prolongée s’est avérée très nocive. Associée à l’utilisation de la pédale pour les instruments rotatifs, elle est devenue intenable. Avec les progrès de l’éclairage et de l’aspiration au milieu du XXe siècle, les praticiens ont de plus en plus allongé leurs patients et ont commencé à travailler assis, à 9 h ou à 12 h. La cavité buccale s’est alors trouvée plus éloignée des instruments et de cette colonne. Cela a aussi éloigné le praticien de ses instruments. Mais plutôt que de repenser entièrement le poste de travail, la solution extrêmement pauvre a été de rallonger le bras des instruments !
Conserver une colonne à gauche pour tout faire passer au-dessus du patient n’a plus aucun sens. La position de travail autour de 12 h est clairement la plus favorable (cf. Clinic, octobre 2015). La position à 9 h est incompatible avec une hauteur de travail permettant de diminuer la flexion cervicale. Ceux qui travaillent à 9 h avec un patient à 50 cm de leurs yeux penchent inévitablement la tête en avant pour orienter leurs yeux vers le bas.
Lors du travail ergonomique à 12 h, les instruments doivent se trouver près de la main dominante. C’est ce qui a amené des fabricants à proposer des innovations telles que le cart pour A-dec (fig. 2) ou la Sironette de Sirona, des cordons sortant sous le dossier pour Morita (fig. 3) ou des colonnes à droite pour les droitiers chez Airel (fig. 4).
Notre façon de travailler a changé, notre poste de travail doit suivre. Il faut refuser le bricolage et les petites adaptations ! Nous devons repenser entièrement nos units afin de ne plus jamais souffrir de troubles musculo-squelettiques et d’entrer dans une dentisterie moderne, pratique et confortable !