Des gants élégants

Je suis sûr que vous êtes comme moi : quand vous avez trouvé les gants qui vous conviennent, vous ne cherchez plus ailleurs. Et vous utilisez ceux-là et rien d’autre pendant plusieurs années.

D’un naturel curieux, il m’arrive quand même l’envie, parfois, d’essayer des modèles différents, qui se distinguent par leur matière, leur couleur, ou bien leur parfum. J’en commande alors une seule boîte, histoire de ne pas le regretter si je me trompe, tout en sachant qu’elle coûtera plus cher qu’en grande quantité.

Un effluve aigrelet

C’est en épluchant le flyer d’une grande compagnie de vente par correspondance que j’ai pointé les Cybertech sans poudre Grape Scented. Au départ, ce que je voulais surtout, c’était des gants bleus. Ceux-là le sont, d’une teinte assez pâle, terne plutôt que « flashy ». Le caoutchouc m’a paru légèrement plus fin que d’habitude, mais peut-être n’est-ce qu’une impression. La taille M, qui est la mienne, est ici convenable, à peine serrée. La surface légèrement texturée est très agréable au toucher, participant d’une manière efficace à une bonne préhension des instruments. Non poudrés est-il annoncé sur l’emballage ? Pas tout à fait. Il reste un soupçon de poudre lorsque l’on retire ces gants, ce qui est un peu désagréable, même si l’on s’y fait rapidement. Le plus surprenant, c’est leur parfum, l’effluve pourrait-on dire, car celui-ci reste discret, quoique clairement perçu par les patients, comme par le praticien, difficilement définissable : l’un d’eux m’a parlé de bonbon sucré, un autre de fleur d’oranger. Pourtant, il est censé évoquer celui du raisin. Pas forcément du muscat, car un peu aigrelet. Sympathique au final, mais à consommer avec modération.

Une allure de casseur

Les autres gants que j’ai testés appartiennent à un registre différent : un modèle « pro » ou qui entend s’affirmer comme tel, même si leur nom, Dragon Skinz, et le graphisme sur la boîte évoquent plus une équipe de ninjas que de policiers du RAID. Noir de jais, ils vous posent un homme. On a l’impression d’être le héros de Mission impossible quand on les porte. Le caoutchouc est d’excellente tenue, non texturé mais mat, peu glissant. Pas de parfum de réglisse, ni de fraise ni de menthe : ici, c’est du sérieux.

Le confort est excellent, la couleur foncée donne une belle sensation de protection. Vous avez peut-être déjà vu ces gants portés par des experts en dentisterie esthétique, pour mieux mettre en valeur, sur les images photographiées ou animées, les œuvres merveilleuses de ces virtuoses de la spatule à composite. À l’usage, j’ai été fort surpris de constater à quel point le noir est salissant. Ces gants-là sont sans poudre, cela va sans dire, sinon ils ne conserveraient pas longtemps leur belle allure. La moindre trace de produit quelconque leur fait perdre toute leur noblesse et se voit encore plus que sur des gants beiges ou de couleur claire. Et je ne vous parle pas des copeaux métalliques ou de la poussière de résine lorsque l’on ajuste à la fraise des matériaux prothétiques. Je ne suis pas sûr que le contraste important entre les dents claires et le latex foncé soit très recommandé pour le travail au quotidien car il induit une fatigue oculaire supplémentaire. Une incursion dans le monde des coiffeurs et des tatoueurs mais qui, chez les chirurgiens-dentistes, n’est peut-être pas de la meilleure pertinence.