Clinic n° 04 du 01/04/2017

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

Ces dernières semaines, il aura été difficile d’échapper au battage médiatique concernant le rapport de la Cour des comptes sur notre Conseil National de l’Ordre (CNO). Je l’ai lu en entier : on a affaire à de la gestion grandguignolesque, pas à du détournement. S’il est normal de faire des cadeaux à des conférenciers bénévoles ou à d’anciens conseillers, il y a des limites. Et que dire des membres résidant en Île-de-France logés dans des studios que possède le CNO...


Ces dernières semaines, il aura été difficile d’échapper au battage médiatique concernant le rapport de la Cour des comptes sur notre Conseil National de l’Ordre (CNO). Je l’ai lu en entier : on a affaire à de la gestion grandguignolesque, pas à du détournement. S’il est normal de faire des cadeaux à des conférenciers bénévoles ou à d’anciens conseillers, il y a des limites. Et que dire des membres résidant en Île-de-France logés dans des studios que possède le CNO (solution au demeurant moins chère que l’hôtel pour les plus éloignés) ?

Certains conseils départementaux ont aussi trempé les doigts dans la confiture, en s’offrant des voyages, des cures de thalassothérapie, des indemnités excessives. Je suis persuadé qu’aucun d’entre eux n’a voulu escroquer l’Ordre… Simplement, au regard de l’engagement que demande la mission ordinale, du temps passé, du stress quand il s’agit de « recevoir » certains confrères dont on sait qu’après ils ne seront plus des amis, il est facile de se dire, au vu d’une trésorerie largement excédentaire, que le bénévolat peut, de temps à autre, être gratifié.

Mais non, le bénévolat inhérent à la fonction de conseiller de l’Ordre doit être strict et la gestion des différents niveaux du conseil de l’Ordre doit (devrait) être un exemple de rigueur. Quant au montant des indemnités des membres du bureau national… pour bien connaître leur travail, je ne le ferai pas, tout en travaillant au cabinet, pour 50 000 € par an.

Si nous disposons d’une trésorerie excédentaire, pourquoi ne pas plutôt… réduire le montant de la cotisation ? Mais le plus grave n’est pas là.

En effet, sur un rapport de la Cour des comptes de 1 300 pages, seules les 50 consacrées à notre Ordre ont été extraites et jetées en pâture aux journalistes. Qui se sont régalés des nouvelles turpitudes de ces vilains dentistes qui dépensent l’argent public.

Si cet argent est public, c’est uniquement parce que l’Ordre assure une mission de service public, mais ce n’est QUE l’argent des dentistes. Un chapitre entier du rapport est consacré aux actions de l’Ordre contre les centres low-cost et les réseaux de soins. Ce battage et cette agression ignobles contre le dernier rempart protégeant l’indépendance de notre profession ne sont pas le fruit du hasard : l’ennemi a provoqué les investigations de la Cour des comptes (les enquêteurs avaient pour mission de rechercher les actions des ordres contre les réseaux de soins). Après avoir divisé les syndicats pour mieux les contrôler, il vient de passer notre Ordre au broyeur afin de nous laisser désemparés. Il suffit de regarder la date de publication de ce rapport, concomitante à celle de l’arbitrage, pour s’en convaincre.

Alors, que ce rapport oblige notre Ordre à remettre en question sa gestion, c’est une évidence.

Mais la pire des réactions de notre part serait un rejet massif de l’institution, rejet qui ouvrirait une brèche considérable dans nos défenses et laisserait nos ennemis libres de nous asservir à leur guise.