Étudiants, enseignants, chirurgiens-dentistes libéraux, prothésistes… Ils sont 3 000 selon la police, rassemblés dès 8 h 30 le 27 janvier devant les grilles de la CNAMTS, à l’appel de la FSDL et des étudiants, pour manifester leur colère contre les propositions « inacceptables » de l’Uncam et la perspective du règlement arbitral.
« Marisolde vos dents », « Notre combat, votre santé », « Étudiants pas contents pour l’avenir de nos patients », « DENTger », « Tous unis pour votre santé », « Qui sème l’arbitrage récolte le carnage », « La qualité en danger », « Artisans français, la sécu nous tue », « Les dentistes sortent les crocs », « Les enseignants : votre santé bucco-dentaire en DENTger »… peut-on lire sur les pancartes et banderoles déployées tout autour d’un bus stationné devant l’Uncam ainsi sur le pont piétonnier qui enjambe le périphérique juste en face du bâtiment.
Les étudiants se sont déplacés en nombre : entre 50 et 250 étudiants en provenance de chacune des 16 facultés de l’Hexagone. « Il est temps de manifester, de fermer la clinique et que tout le monde se mette en grève. Avec ce qui est proposé, on revient à la dentisterie des années 1980 », lance Nadesca Popovic, une Clermontoise arrivée le matin même avec une soixantaine d’étudiants de sa fac dans l’un des deux bus affrétés pour le voyage. Jérémy Glomet, président de l’UNECD, se félicite de la « forte mobilisation et de la motivation des étudiants. Nous sommes ici entre 2 000 et 3 000 parce que pendant 6 années d’études, nous apprenons de nouvelles techniques qui sont bénéfiques pour nos patients. Mais les propositions de Nicolas Revel et Marisol Touraine ne nous permettront pas de les mettre en application dans nos cabinets. Les étudiants se battent parce qu’ils veulent être fiers de ce qu’ils font. » Les internes aussi sont là. « Nous avons soutenu la grève des externes dès le début et nous prenons en charge leurs vacations d’astreinte et les urgences pour que la grève ne nuise pas aux patients parce que nous nous battons pour eux. Nous sommes aussi en grève depuis mercredi », expliquait Pierre-Jean Berat, président du SNIO (Syndicat national des internes en odontologie).
Les enseignants, également de la partie, ont déployé leur banderole.
Parmi les chirurgiens-dentistes, Pierre Borne, installé à Villiers-sur-Marne, est avec son prothésiste, Pierre Woog, « parce que nous sommes tous concernés ! Tout est fait pour qu’on travaille dans des systèmes encadrés, mutualisés ! J’ai des patients que les complémentaires ne veulent pas prendre en charge parce que je ne suis pas dans le réseau ; et ce n’est pas un fait anecdotique », s’exclame le praticien. Plus loin, Antoine Mairesse, praticien à Béthune et qui a créé la FSDL Nord-Pas-de-Calais il y a 3 ans « pour changer les choses » : « Je me suis déplacé pour défendre mon métier, l’avenir de la profession. Le fait de défendre notre indépendance permet de défendre la richesse et la singularité de chaque praticien. Instaurer des plafonds, c’est dire halte au progrès technique. Car les revalorisations sont bien insuffisantes. » « Arriverons-nous à faire passer le message dans l’opinion ? » s’interroge un autre praticien. Ce premier rassemblement a en tout cas montré une profession et ses étudiants déterminés.