Anomalie dentaire et restauration esthétique - Clinic n° 03 du 01/03/2017
 

Clinic n° 03 du 01/03/2017

 

LE CAS CLINIC

Louis MAFFI-BERTHIER*   Mounia AMARA**   Frédéric COURSON***  


*(Hôpital Bretonneau)

Mehdi, 15 ans, a subi une transplantation hépatique pendant l’enfance à la suite d’une cholangite sclérosante (fig. 1). L’insuffisance hépatique chronique consécutive a provoqué l’inclusion, dans la dentine, de pigments de bilirubine lors de la dentinogenèse, générant ainsi des dyschromies marquées, à composante majoritaire jaune brun. Le patient est complexé par son sourire et rapporte que cela a un impact sur sa vie sociale (fig. 2). On note également l’existence d’anomalies de forme et de structure.

Prise en charge thérapeutique

En raison de l’âge du patient, il est souhaitable de différer le recours à des restaurations en céramique et de s’orienter vers des restaurations transitoires permettant plus de souplesse, afin de suivre la maturation parodontale qui durera encore plusieurs années. Le recours à des restaurations composites en méthode directe semble donc indiqué. Pour réaliser ce travail, la méthode par les facettes Uneveer (Ultradent Products) est choisie (fig. 3).

Séquences thérapeutiques

La mise en place d’un champ opératoire et de ligatures est indispensable pour ce type de restauration (fig. 4).

Après une très légère préparation de surface à l’aide d’une fraise flamme bague jaune (fig. 5) pour dépolir la surface et homogénéiser l’épaisseur de matériau composite à venir, une facette adaptée à la forme de la dent est choisie et constituera un « patron » pour la future restauration (fig. 6).

Un mordançage et un rinçage sont réalisés (fig. 7), puis un système adhésif (OptiBond Solo Plus(r), Kerr) est appliqué en éliminant bien les excès avant photopolymérisation et en isolant les parois adjacentes (fig. 8).

Du composite microhybride est ensuite appliqué sur la surface de la dent de manière uniforme (fig. 9) et un peu de composite fluide est déposé au niveau de la rainure dans l’intrados de la facette (teinte A1) (fig. 10). L’ensemble est appliqué sur la dent (fig. 11) et photopolymérisé après avoir éliminé les excès (fig. 12). Des retouches au niveau sulculaire sont réalisées si nécessaire et les parois proximales sont « strippées » à l’aide de bandes Strip (3M ESPE). Le patient est satisfait de son sourire (fig. 13 et 14).

Alternatives thérapeutiques

D’autres techniques directes a minima auraient pu être mises en œuvre dans ce cas, incluant notamment l’éclaircissement externe, rejeté en raison de l’âge du patient, la stratification composite ou encore des facettes composites préformées adaptables en bouche. En méthode indirecte, des facettes composites de laboratoire peuvent être réalisées après empreinte. Ce procédé est en revanche plus onéreux que les autres.

En conclusion

La restauration du sourire chez le jeune par des facettes composites est un procédé transitoire peu onéreux et rapide à mettre en œuvre, permettant d’attendre la maturation parodontale et la réalisation de facettes en céramique, plus esthétiques et durables, à l’âge adulte.