L’arme absolue ?

Cette nouvelle mouture du fameux Reciproc® est arrivée chez nous vers la fin de l’année dernière. J’ai pu le tester brièvement sur un bloc de plastique durant le congrès de l’ADF, puis en bouche après en avoir commandé une plaquette. Le seul changement notable par rapport à la version précédente, si l’on excepte son prix qui a fait un bon très supérieur à celui de l’inflation annuelle dans notre pays, est l’alliage dans lequel est fabriquée cette nouvelle lime : un métal bleu brillant, nickel-titane à mémoire de forme qui a perdu pas mal de son élasticité. Plutôt mou, il suit les courbes les plus accentuées sans exercer d’effet de rappel, une excellente manière de respecter les anatomies canalaires les plus complexes.

Le même en mieux

Pour le reste, rien à signaler : le manche est le même et le profil est identique à celui du modèle précédent. Les Reciproc® Blue existent en trois dimensions : diamètre apical 25, 40 ou 50. C’est la première lime, quasi universelle, que j’ai utilisée. La conicité est variable : 8 % dans les 3 mm apicaux, plus faible ensuite de manière à obtenir une préparation idéale pour l’obturation à la gutta chaude. Même si le fabricant communique discrètement là-dessus, tous les praticiens sérieux vous recommanderont d’élargir l’entrée du canal avec une lime rotative courte et fortement conique, puis de l’explorer sur toute sa longueur, au minimum jusqu’à un diamètre de 15/100, avant de passer la lime de réciprocité. L’établissement de ce « glide path » est la garantie d’éviter toute déconvenue au cours de la préparation. Le mouvement de réciprocité permet de réduire sérieusement les contraintes instrumentales et de mieux respecter l’anatomie canalaire.

Un profil idéal

Le métal bleu est pratiquement incassable et, comme les instruments sont à usage unique, les risques de fracture se révèlent quasi nuls. Les limes fabriquées dans ces nouveaux alliages, moins durs que les précédents, perdent rapidement leur tranchant. Certains chercheurs pensent qu’elles sous-instrumentent les canaux car elles s’étirent sous l’effet des contraintes, conduisant à des préparations finales moins larges que leur diamètre nominal. Je n’ai pas constaté ce phénomène, mais il est vrai qu’elles offrent moins de mordant que les Reciproc® classiques. Ce nouvel outil est donc assez difficilement critiquable, hormis en ce qui concerne son concept : les limes Reciproc®, dérivées des MTwo®, sont incontestablement très efficaces, mais guère plus que n’importe quel instrument à section en S comme en proposent d’autres fabricants. Le mouvement de réciprocité offre des avantages uniques, mais n’est pas réservé à ces seules limes, si l’on acquiert un moteur adéquat capable de toutes les programmations. Enfin et surtout, la préparation apicale à 25/100 mm, même avec une forte conicité, ne fait pas l’unanimité dans la communauté endodontique mondiale. Instrumentation réduite par rapport aux longues séquences de 5 ou 6 limes, sans aucun doute, mais unique, cela reste à voir !