En marge !

La technique de remontée de marge est de plus en plus en vogue chez les adeptes de la dentisterie biomimétique. Pour les non-initiés, mais y en a-t-il encore parmi les lecteurs de cette revue ?, il s’agit d’un procédé de restauration direct permettant, lorsqu’une dent présente une cavité proximale très profonde, de rehausser de 2 ou 3 mm sa limite cervicale afin de pouvoir coller, dans les meilleures conditions possibles, une obturation indirecte qui s’appuiera sur la nouvelle marge. Une fois les tissus pathologiques éliminés, il faut poser la digue.

Composite, sinon rien

Si cela se révèle impossible, le pronostic de la restauration finale peut être compromis. Certains estiment envisageable la remontée de marge en ciment verre ionomère, particulièrement tolérant à l’humidité. Mais sa résistance limitée et sa lente dégradation dans le milieu buccal ne plaident guère en sa faveur. Si les conditions idéales sont réunies, le meilleur matériau pour cette fameuse remontée de marge reste un composite de moyenne ou haute viscosité. Étant donné la situation des limites et la forme des cavités, il est difficile d’employer une matrice conventionnelle. Il n’est pas nécessaire de réaliser en même temps le point de contact proximal qui sera, lui, reproduit de manière optimale grâce à la prothèse collée par-dessus. En conséquence, une matrice bien évasée mais de faible hauteur s’avère une solution intéressante. C’est ce que propose l’américain Garrison avec ses Slick Bands™. Ces bandes d’acier très étroites, recouvertes de Téflon(r) bleu foncé sur leur face interne, s’installent sur un porte-matrice Tofflemire.

Astucieuses mais limitées

Une fois en bouche, ces bandes forment un cône inversé, court et très évasé. Étant donné que leur bord inférieur est totalement rectiligne, seules les situations où le sulcus proximal est quasi horizontal, sans feston gingival prononcé, correspondent aux indications du système. Dans le cas contraire, la totalité de la cavité ne sera pas sertie au niveau du collet, avec un jour sous la matrice s’accompagnant d’une inévitable fusée du matériau d’obturation. Pas question de s’en servir, ou alors avec beaucoup de chance, pour une cavité mésio-occluso-distale : une seule paroi, mésiale ou distale, doit être restaurée à la fois. En revanche les Slick Bands™ se révéleront utiles – ici encore, en cas d’anatomie propice – pour obturer des lésions cervicales, notamment chez les personnes âgées qui présentent des caries de collet. L’introduction d’un ciment verre ionomère par abord occlusal, avec la certitude que celui-ci ne glissera pas dans le sulcus, peut être une manière élégante et sympathique de procéder dans ces cas difficiles. Un outil plutôt marginal en somme, mais qui peut rendre certains services, que l’on soit adepte d’une dentisterie contemporaine, destinée à quelques happy few, ou plus sociale, pour polycarieux de tous âges.