Parce que l’exercice dentaire est plus qu’un simple soin et que chaque patient devrait toujours être pris en charge avec philanthropie, Vincent Bezos a choisi de poser ses valises à Lausanne, en Suisse. Son credo : aucune contrainte de temps, aucun compromis. Les soins de qualité de ce natif de Mont-de-Marsan peuvent enfin rimer avec écoute, attention et précision.
« Je considère mon patient comme faisant partie intégrante de mon équipe », affirme ce diplômé de la faculté dentaire de Bordeaux II, dont la carrière débute par une petite quinzaine d’années d’exercice libéral à Navarrenx, un village de 1 500 habitants au cœur des Landes. Dans ce cabinet d’omnipratique, ils sont trois associés. Pendant quelques années, Vincent Bezos mène de front trois vies : professionnelle, personnelle et sportive. Cependant, la pratique du rugby dans une équipe locale et sa passion pour la dentisterie n’arrivent pas à combler une torpeur grandissante dans sa pratique. Jusqu’à ce qu’il effectue une formation en parodontologie au CPIOA (Centre de parodontologie et d’implantologie orale aquitaine) à Agen. Là, il réalise qu’un soin peut s’envisager autrement et toujours dans le respect du patient et du travail bien fait. De 2006 à 2008, il enchaîne les formations (parodontologie, endodontie, implantologie). Et fait l’acquisition d’un microscope Zeiss. L’acte est déterminant. « C’est à ce moment-là que j’ai totalement changé de paradigme », assure ce fonceur affable qui se lance peu à peu dans des soins au cordeau. « Mes yeux, c’est le microscope », confie-t-il. Sa philosophie ? « Les microscopes opératoires, aides optiques comme nous pouvons en trouver en neurochirurgie ou en ophtalmologie depuis de nombreuses années, permettent aujourd’hui d’accéder aux grossissements optimums en dentisterie. Là où les loupes grossissent à 2,5 voire 4,5 fois, le microscope monte jusqu’à 20 fois. Avec ce grossissement, difficile de passer à côté d’une carie ou d’un canal dans une racine de dent », écrit-il sur son site, où l’on découvre à mots découverts sa nature enthousiaste et humaniste. Mais le manque de recul de sa patientèle par rapport à l’approche et à la présentation du traitement global et une baisse de son chiffre d’affaires de 20 à 30 % à la suite de la crise des subprimes l’amènent à tourner son regard vers d’autres horizons, plutôt vers le Québec ou la Suisse. L’annonce d’une clinique dentaire lausannoise proposant un très bon salaire retient son attention. « Ma femme m’a poussé et ma spécificité endodontique a persuadé le directeur de la clinique à me recruter », raconte-t-il. En juin 2011, il met en place le processus de reconnaissance des diplômes auprès de la Fédération publique suisse et, en octobre, il peut enfin commencer à exercer dans la capitale du canton de Vaud. Dès lors, et jusqu’à l’arrivée de son épouse et de leurs deux enfants, son emploi du temps est un parcours du combattant. Le dimanche à 16 heures, il se met au volant de sa voiture direction l’aéroport de Mérignac, à Bordeaux, arrive à minuit à Lausanne via Genève, travaille à la clinique dentaire du lundi au mercredi, fait le voyage en sens inverse le mercredi soir, arrive à Navarrenx à minuit, travaille du jeudi au samedi à son cabinet de village, quelque temps encore, jusqu’à ce qu’une praticienne belge voulant s’établir dans les Landes lui rachète ses parts. Pendant ce temps, son épouse prépare le déménagement. Le 26 décembre, c’est le grand départ. Une page se tourne. Quant au microscope de Vincent Bezos, il a déjà trouvé ses marques dans la clinique lausannoise.
« Pour exercer en Suisse, une fois la reconnaissance de diplômes obtenue, il suffit de demander une autorisation d’exercer en libéral auprès des autorités du canton et de prendre une responsabilité civile professionnelle. Les choses se compliquent lors de l’achat d’un cabinet dentaire, beaucoup plus cher qu’en France » explique Vincent Bezos. Cette possibilité d’exercer de façon indépendante dans une clinique créée, en même temps qu’un laboratoire de prothèses et d’implants, par un chirurgien-dentiste suisse, est donc un sésame pour Vincent Bezos. « Ces deux années ont été les plus libres de ma vie. Je n’avais pas le choix du matériel en dehors de mon microscope, mais je gérais comme je voulais et je faisais enfin des soins de qualité. » Il passe ainsi « d’une vision à la française à une vision à la suisse, dans un esprit d’échange constant et de pérennité des résultats des traitements ». Les six chirurgiens-dentistes de la clinique constituent une densité de compétences propre à progresser ensemble. L’aventure est une réussite pour le praticien landais comme pour sa famille très vite intégrée dans une vie cosmopolite. Plus que jamais féru de son inséparable microscope, le praticien se rapproche de VET (Vision Equipment Technology) à Évian, sur la rive opposée du lac Léman. Le partenaire de Carl Zeiss pour les microscopes dentaires l’intègre alors dans une équipe de formateurs. « C’est ma vision du métier : le compagnonnage et la transmission », observe cet inconditionnel partisan d’une mise à jour permanente des connaissances. Néanmoins, en février 2014, il décide de quitter la clinique. « Je voulais passer à une vitesse supérieure, faire et proposer de nouvelles formations, exercer en lien avec une patientèle attachée à son praticien. » Le 26 décembre – une date devenue fétiche –, il contacte un chirurgien-dentiste proche de la retraite, établi dans le quartier de Chailly, non loin de chez lui, qui répond aux critères qu’il s’est fixés : un dentiste âgé exerçant à mi-temps, avec un petit chiffre d’affaires. C’est la seule façon pour lui de dénicher un cabinet dans ses moyens financiers. En entrant dans le cabinet dentaire de Chailly, il se dit : « Tout est à refaire, mais c’est ce qu’il me faut. »
Trois mois de fermeture et six mois de travaux. C’est ce qu’il aura fallu pour faire peau neuve. Mais pas question pendant tout ce temps de ne pas accueillir la patientèle de l’ancien praticien retraité, ni celle de la clinique, qui a souhaité suivre Vincent Bezos. Qu’à cela ne tienne. Lorsque les ouvriers découvrent de l’amiante sous la moquette à retirer, la copropriété lui octroie un local de l’autre côté du palier. Le chirurgien-dentiste achète alors un fauteuil amovible Tecnodent, un cart Gallant, avec une aspiration et un compresseur autonomes, il aménage une salle de stérilisation de fortune dans le cabinet en travaux tandis que son microscope lui sert également de scialytique. Rien ne l’arrête. Pendant trois mois, il reçoit ses patients dans ce cabinet improvisé. Fin juin, son cabinet lausannois* est fin prêt. Flambant neuf. Deux murs flashy confèrent chaleur et caractère aux espaces d’accueil. Au sol, du parquet flottant. Les salles de soins, quant à elles, restent sobres : murs blancs, larges baies vitrées, touches lilas et bleues. En tout, 135 m2 équipés par l’installateur Campos Radiologie Technique & Informatique, relayé ensuite par Kaladent, leader du marché suisse. Le mobilier, contemporain design, a été conçu sur mesure ; les fauteuils multicolores dans la salle d’attente et à l’accueil sont signés Batiplus. La décoration répond à un cahier des charges simple : sobriété et hospitalité.
Dès le départ, l’épouse de Vincent Bezos, Mirentxu, prend en charge l’accueil des patients et la partie administrative. À leurs côtés, dans un premier temps, Julie Faubert, hygiéniste, et Sophie Baeli, assistante dentaire, viennent compléter l’équipe. Cette dernière, après s’être formée, devient assistante en prophylaxie et remplace l’hygiéniste lorsqu’elle décide de partir. « Je me charge des soins parodontaux, explique Vincent Bezos, car seule une hygiéniste a le droit de descendre 3 mm sous la gencive. » Valmiré est quant à elle la nouvelle assistante dentaire. Le praticien travaille en réseau avec un correspondant en chirurgie avancée, qui lui envoie des greffes de sinus, et avec trois correspondants en endodontie. L’attention portée aux patients, l’écoute et le service sont au cœur des prises en charge que propose son cabinet d’omnipratique. « C’est par la compréhension de sa pathologie que le patient peut participer à son traitement et le rendre pérenne », certifie ce membre de plusieurs sociétés professionnelles : ITI (International Team of Implantology), AMED (Academy of Microscope Enhanced Dentistry), SFE (Société française d’endodontie). Dans son cabinet, il travaille enfin avec le matériel qui lui convient : fauteuil Morita – le seul fauteuil validé par la VET pour le combiner avec un microscope Zeiss –, cone beam KaVo Pan Exam Plus, laser erbium-YAG et laser Morita AdvErl Evo, système d’imagerie à plaques 3D CS 7600 et, bientôt, une chaîne digitale avec caméra optique et imprimante 3D. Le « fauteuil de guerre » et son cart ont été installés dans la seconde salle de soins, réservée à la prophylaxie. Sont venus s’y ajouter une radio Carestream et une caméra endobuccale. L’objectif de Vincent Bezos est de s’équiper avec ce que les techniques non invasives peuvent offrir de mieux afin qu’elles constituent des outils au service des patients, améliorant ainsi leur confort et les résultats dans les soins. Bien-être et respect du patient deviennent ainsi deux maîtres mots. Et si le rêve de cet ancien rugbyman est d’avoir une maison autonome en énergie et un potager, il lui reste sept années avant le renouvellement de son bail. D’ici là, l’eau aura coulé sous les ponts. Mais, pour ce praticien au tempérament instinctif et intrépide, pas question de rentrer en France. Il n’exclut pas de s’associer un jour et reçoit de plus en plus d’appels de confrères et de consœurs français désireux de s’exiler. Et de profiter de l’herbe verte des alpages.
Le choix audacieux des couleurs flashy dans les espaces d’accueil, la microdentisterie et, surtout, la bienveillance constante de Vincent et Mirentxu Bezos envers leurs patients.