Clinic n° 12 du 01/12/2016

 

L’ÉVÉNEMENT

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

Est-ce un simple hasard de calendrier ? Peu importe en réalité. Les faits sont là. Les négociations sur le 4e amendement à la convention dentaire entre l’Uncam, l’Unocam et les syndicats, se déroulent concomitamment aux débats sur le PLFSS dans les deux assemblées. L’occasion était trop belle. Marisol Touraine l’a saisie pour prendre la main sur le dossier dentaire. En deux jours, le tour était joué. Un amendement au PLFSS déposé subrepticement par le...


Est-ce un simple hasard de calendrier ? Peu importe en réalité. Les faits sont là. Les négociations sur le 4e amendement à la convention dentaire entre l’Uncam, l’Unocam et les syndicats, se déroulent concomitamment aux débats sur le PLFSS dans les deux assemblées. L’occasion était trop belle. Marisol Touraine l’a saisie pour prendre la main sur le dossier dentaire. En deux jours, le tour était joué. Un amendement au PLFSS déposé subrepticement par le gouvernement la veille du vote en séance plénière à l’Assemblée nationale a modifié la donne conventionnelle.

Il fixe la date butoir du 1er février aux partenaires pour trouver un terrain d’entente sur des honoraires plafonds pour les prothèses. Sans quoi, un arbitre aurait un mois pour trouver une solution qui s’imposerait à tous. Voilà qui assure à Marisol Touraine un texte conforme à sa volonté pour le 1er mars, quelques semaines avant l’élection présidentielle. Sous réserve, bien entendu, que cet amendement soit validé par le vote final du PLFSS, au plus tard le 23 décembre ! Malgré cette épée de Damoclès pesant sur la « négo », les syndicats ont repris leur place autour de la table. Il aurait été impensable de laisser le champ libre à la ministre ! Mais voilà que ses prises de position, toujours à l’Assemblée Nationale, pourraient apporter de l’eau au moulin des opposants au conventionnement sélectif dans les zones « sur dotées » que l’Uncam veut mettre en place pour les chirurgiens-dentistes. Marisol Touraine a en effet pris délibérément position contre cette mesure proposée pour les médecins, par des députés de la majorité. Parce qu’elle empêcherait les mesures incitatives d’avoir leur plein effet. Et surtout parce qu’elle risquerait de pousser les médecins au déconventionnement. « Déconventionner, c’est un mot un peu chic pour dire que le malade ne sera plus remboursé », a insisté la ministre. En d’autres termes, les patients seraient les premiers lésés. La situation des chirurgiens-dentistes et des médecins serait-elle si différente que l’on impose aux uns, ce que l’on ne veut surtout pas exiger des autres ?

Uncam : Union nationale des caisses d’assurance maladie ; Unocam : Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie ; PLFSS : Projet de loi de financement de la sécurité sociale