Une belle intention

Munie de sa petite aiguille, la seringue d’irrigation ne suffit pas à éliminer les débris accumulés dans le canal au cours de la préparation mécanique. Le plus gros problème est d’atteindre les zones non instrumentées – isthmes, régions extrêmes des canaux plats – remplies de tissus vivants ou nécrosés. On peut donc se réjouir de l’arrivée de ce nouveau système censé améliorer la qualité des traitements dans ce sens. J’ai vu un prototype assez rudimentaire de l’Irrigatys® de la société Itena au dernier IDS de Cologne en mars 2015.

Finition exemplaire

Lorsque le représentant de la société est venu me présenter la dernière version de l’appareil, j’ai apprécié les changements opérés : un effort sensible a été déployé pour fournir un produit très élaboré, avec des éléments spécifiques plutôt bien étudiés. La qualité de fabrication inspire rapidement confiance à l’utilisateur. L’intérêt principal de cet appareil, c’est qu’il fonctionne sans fil. Il ressemble à un hydropulseur à pile, ou à une grosse brosse à dents électrique. Un corps cylindrique, long et large, abrite dans sa partie inférieure le réservoir de solution d’irrigation. À l’avant du manche se trouvent, au-dessus et en dessous, deux interrupteurs sous forme de touches en caoutchouc. Le plus antérieur sert à actionner une petite pompe électrique qui délivre le liquide, celui qui est juste derrière met en marche un système vibratoire qui permet de l’activer une fois dans le canal. Le manche se poursuit par une fine tige, terminée par une petite tête cylindrique, sur laquelle on visse l’aiguille d’irrigation. Deux modèles d’aiguilles à bout plat sont disponibles avec l’appareil : une courte de 15 mm pour l’irrigation en début de préparation, lorsque le canal n’est pas encore très élargi, et une autre de 21 mm à ouverture latérale pour les phases suivantes de la préparation. Le mouvement vibrant est une oscillation de très faible amplitude qui se perçoit bien quand on saisit l’aiguille entre les doigts. Plusieurs réservoirs sont disponibles pour de l’eau pure – qui sert à rincer les tuyaux en fin d’intervention – de l’hypochlorite de sodium ou de l’EDTA. Leur capacité confortable permet de réaliser la totalité d’un traitement canalaire de molaire sans recharger le récipient.

Des aiguilles un peu larges

J’étais perplexe sur l’aptitude de l’appareil à s’introduire dans les racines des molaires étant donné la forme de sa tête. Même si cela n’est pas extrêmement pratique, je n’ai jamais eu de réelles difficultés à glisser l’aiguille dans tous les canaux, sur les quelques dents que j’ai traitées dans différents secteurs de la bouche. L’hypochlorite coule aisément tant qu’on appuie sur le bouton, mais comme on ne sent pas de résistance comme avec une seringue, il est un peu difficile de contrôler la quantité introduite à chaque pression sur l’interrupteur. Le débit de la pompe est constant donc impossible à ajuster en fonction de la situation. Le système vibratoire en marche ne permet pas de voir l’aiguille bouger, ni le mouvement de la solution dans la chambre pulpaire, sauf sous microscope opératoire. Son efficacité devrait être vérifiée par des tests en laboratoire. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est la taille importante des aiguilles, toutes deux de 27 G, soit plus de 40/100 de diamètre, bien trop larges pour parvenir à l’extrémité du canal. Leur mode d’accouplement à l’appareil étant breveté et différent du système Luer, il ne m’a pas été possible d’en tester de plus fines, pour voir.