Clinic n° 11 du 01/11/2016

 

NOUVELLES TECHNOLOGIES

Paul CATTANÉO  

Pendant plus d’un siècle, l’imagerie 2D nous a apporté ? et nous apporte encore ? des informations précieuses pour l’analyse des structures maxillo-mandibulaires. L’imagerie issue des cone beam nous permet d’accéder à la troisième dimension…

Que choisir pour obtenir une bonne image diagnostique ?

L’imagerie est un outil diagnostique fondamental en médecine bucco-dentaire. Dans la plupart des pays, l’imagerie dento-maxillo-faciale représente plus d’un quart de l’ensemble des actes de radiologie. Si la radiologie dentaire reste ciblée sur le diagnostic 2D, l’introduction des premiers cone beam computed tomography (CBCT) dentaires fait apparaître un marché en pleine croissance. Le coût réduit, l’encombrement limité et la simplicité d’utilisation contribuent à démocratiser cette technique d’imagerie 3D. Plus de quatre-vingt machines sont actuellement disponibles sur le marché européen. Les preuves scientifiques établies pour un CBCT donné ne peuvent se généraliser aux autres équipements. L’énorme gamme de doses et de performances d’images implique de l’optimisation pour un usage approprié, sans oublier le choix des protocoles d’acquisition…

Quels bénéfices thérapeutiques ?

Les explorations 3D ne sont indiquées, justifiées, que si elles sont susceptibles d’apporter des éléments nouveaux contributifs au diagnostic ou de modifier la prise en charge du patient. En offrant la possibilité d’une navigation dans tous les plans de l’espace, l’imagerie 3D s’affranchit des déformations et superpositions inhérentes à l’imagerie conventionnelle. Les rapports anatomiques complexes sont avantageusement appréhendés dans la dimension vestibulo-linguale manquante. À ces informations topographiques répond une analyse morphologique complète, aussi bien des éléments dentaires que de leur environnement osseux dans les plans privilégiés. L’amélioration de la qualité des images et le niveau de détails obtenu mettent en évidence des variations anatomiques et des découvertes fortuites à ne pas négliger dans l’interprétation. Intégrée dans le flux numérique, l’imagerie CBCT constitue une source de données 3D nécessaires aux stratégies de planification et de chirurgie guidée…

3D : nouvelle approche de la sinusite dentaire ?

Si la sinusite dentaire est connue de longue date, sa fréquence, en particulier lors des sinusites maxillaires unilatérales, a été longtemps sous-estimée. Faute de moyens sans doute, tant l’exploration des apex des dents dites sinusiennes est longtemps restée difficile. L’imagerie de projection (rétroalvéolaire, panoramique) est notoirement insuffisante, justifiant la formule de Robert Cavézian à propos du cliché panoramique : « Toujours utile, parfois suffisant… »

C’est l’imagerie sectorielle qui permet d’accéder, en s’affranchissant des nombreuses superpositions de structures anatomiques, à une étude précise des relations entre apex et racines dentaires, plancher, parois et contenu des sinus maxillaires, le scanner laissant de plus en plus la place à l’imagerie par faisceau conique, ou cone beam. Il devient indispensable de dompter et de maîtriser l’imagerie 3D pour en tirer toute la quintessence !

• Imagerie 3D : un outil indispensable en 2016 ! Éric Bonnet, Paul Cattaneo, Claude Hodez, Reinhilde Jacobs, Benjamin Salmon, Francesca Mangione.

Congrès ADF, Mercredi 23 novembre, de 14 à 17 h.

POUR ALLER PLUS LOIN

→ Pauwels R, Jacobs R, Bogaerts R, Bosmans H, Panmekiate S. Reduction of scatter-induced image noise in cone beam computed tomography/effect field of view size and position. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol 2016 Feb; 121 (2): 188-195.

→ Salmon B. Cone beam CT en pratique dentaire.Du chirurgien-dentiste au radiologue. Montpellier : Sauramps Médical, 2014.

→ Hodez C, Griffaton-Taillandier C, Bensimon I. Cone beam imaging: applications in ENT. Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis 2011 Apr; 128 (2): 65-78.