Maladies parodontales, caries…, les tests salivaires actuellement sur le marché n’apprennent rien au praticien qu’il ne sache déjà. Tout au plus ne font-ils que confirmer ce qu’il a déjà diagnostiqué. Il pourrait cependant en être autrement à l’avenir.
Dans le futur, les tests mis au point permettront, à partir des fluides biologiques, de déceler sur des patients apparemment sains certaines pathologies. Et ce également dans des domaines autres que les maladies bucco-dentaires. Le test de dépistage du VIH, aujourd’hui validé et en vente, n’est que le précurseur de ces tests du futur capables de détecter des biomarqueurs à distance. Dans le domaine prédictif, des molécules pourraient ainsi révéler des métabolismes suspectant un cancer ou un dérèglement hormonal. Ces méthodes de dépistage non invasives présenteraient plusieurs atouts. Comme le remarque Vincent Meuric, praticien hospitalier et maître de conférences à la faculté dentaire de Rennes, « si on disposait d’un marqueur non sérique, on pourrait contrôler tout le monde sans peur. Il serait également possible de contrôler l’efficacité du traitement de manière régulière sans prise de sang. Le chirurgien-dentiste aurait toute sa légitimité pour effectuer des prélèvements de salive et de fluide gingival ».
On imagine alors l’implication du chirurgien-dentiste en santé publique. Il serait considéré, en tant qu’acteur de la prévention, comme l’une des portes d’entrée des parcours de soins. Un dépistage précoce en oncologie, par exemple pour le cancer du pancréas, permettrait un diagnostic plus précoce et un meilleur pronostic de survie. De même, l’analyse des sécrétions muqueuses pourrait mettre en lumière la réponse des anticorps G dans certaines allergies (alimentaires, rhume des foins…).
À l’heure actuelle, ces applications sont encore éloignées de l’exercice de l’omnipraticien. Mais elles n’en évoquent pas moins les champs d’investigation possibles. Comme le constate Hélène Chardin, de la faculté de chirurgie dentaire de l’université Paris Descartes et chercheuse au CNRS (ESPCI-LSABM), l’augmentation du nombre des publications scientifiques dans ce domaine révèle la multiplication de ces recherches qui ne portent pas seulement sur les tests salivaires. Deuxième source de marqueurs, le fluide gingival présente ainsi un intérêt plus important en raison des marqueurs ADN qu’il contient. Reste toutefois à améliorer la sensibilité des tests pour résoudre le problème de la dilution sérique et permettre d’être plus prédictif.
La salive, outil diagnostique de demain ?
Séance B26, mercredi 23 novembre à 11 heures