Carrément bien

L’arrache-couronnes n’est pas un instrument que j’utilise fréquemment. Et puis, un nom pareil, ce n’est pas très engageant. Imaginez le frémissement du patient quand vous criez à votre assistante : « Ginette, passez-moi l’arrache-couronnes s’il vous plaît ! » Je préfère de loin les pinces de Furrer ou bien les autres, celles avec des mors plats et striés qui agrippent mieux les matériaux durs. Pourtant, c’est un ustensile parfois indispensable : pour retirer un bridge scellé provisoirement par exemple, ou bien une couronne sur une dent sensible ou légèrement instable, que la torsion entre les pinces peut rendre plus douloureuse ou plus mobile encore. Arrache-couronnes, quel vilain mot !

Du changement, vite !

C’est sans doute pour cela que la société Anthogyr, qui les fabrique en France, les nomme pudiquement « dépose-couronnes » et, pour rendre les choses encore plus rassurantes, Safe Remover® : suave et onctueux comme un chamallow. Presque une caresse, en toute sécurité. Enfin, c’est eux qui le disent. Bref, mon ancien dépose-couronnes commençant à accuser le poids des ans mais aussi quelques défauts de conception, j’ai décidé de sauter le pas et de le remplacer, pour voir, par le nouveau modèle que propose la compagnie savoyarde. Celui-ci existe depuis longtemps, mais je n’avais eu ni l’occasion ni le temps de m’y intéresser. J’avais bien vu sa tige carrée, qui a piqué au vif ma curiosité, me demandant quand même s’il serait à la hauteur de mes attentes. Parce que le modèle habituel, avec sa tige cylindrique, est un vrai calvaire à manipuler : une fois le crochet bien calé sous le rebord de la prothèse, cette fichue tige a tendance à tourner sur elle-même dans un sens ou dans l’autre sous les coups de la masselotte, rendant une fois sur deux l’extraction impossible.

Que des bonnes choses

Eh oui, effectivement, le nouveau modèle avec sa tige de section carrée permet de supprimer ce vilain travers. Génial et tout à fait efficace, c’est un vrai progrès ! Deuxième excellente surprise à laquelle je ne m’attendais pas : la fixation des embouts sur la tige, grâce à une encoche en L, et verrouillage via un petit ressort à l’intérieur. Montage et démontage sont instantanés. Le ressort donne un peu de souplesse à l’ensemble lors de la mise en fonction, pour un meilleur confort du patient mais aussi du praticien. Plus la peine de visser et dévisser les embouts – au nombre de 4 – pour les installer sur la tige. C’est, là encore, une parfaite réussite. Malheureusement, les fameux embouts, eux, n’ont pas changé. Si le plus étroit d’entre eux est toujours idéal pour les prothèses plurales, les autres, qui servent à sortir les éléments unitaires, datent de l’époque des couronnes à bague. Il faut s’en contenter et, au besoin, réaliser quelques encoches bien placées au niveau des prothèses pour les y insérer. Dernier point enfin qui pourrait être critiquable, le revêtement de l’ensemble : alors que les embouts sont en inox, le corps et la masselotte sont toujours chromés. J’ignore évidemment la tenue de cet alliage dans le temps et au fil des stérilisations. Mon arrache-couronnes d’origine, lui, a perdu son brillant par endroits et montre plusieurs traces de corrosion au bout de quelques années. Celui-ci finira peut-être de la même manière… ou pas.