Révolution tranquille

La société française Neolix commercialise désormais une nouvelle lime endodontique pour la préparation du canal sur toute sa longueur. Fabriquée selon le même principe exclusif d’électroérosion que l’Initial puis la C1, la Neoniti A1 est, elle aussi, confectionnée dans un alliage à mémoire de forme aux propriétés étonnantes. Le métal n’est pas élastique comme le NiTi conventionnel. Il n’exerce pas d’effet de rappel pouvant provoquer un déplacement du foramen apical. La lime peut être légèrement courbée pour s’insinuer plus aisément dans un canal de morphologie ou d’accès difficiles. Sa résistance à la rupture est trois fois supérieure à celle du NiTi traditionnel.

Un profil idéal

Les limes A1 possèdent le même manche en métal doré de 12 mm de long que les autres instruments de la gamme mais leur profil est très différent, avec une section rectangulaire. Longues de 25 mm, leur diamètre nominal est de 25/100^e et leur conicité de 8 % à la pointe. Cela n’apparaît pas tellement lorsqu’on les regarde, la partie lisse près du manche n’étant pas si large que ça. Le fabricant préconise une séquence de 3 instruments : exploration manuelle avec une lime en acier de 10 ou 15 mm et mesure de la longueur de travail, évasement de l’entrée du canal avec l’Orifice Opener C1, préparation totale avec la Neoniti A1. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette séquence. Plutôt que de confier la totalité du travail à la lime finale, je préfère effectuer la pénétration jusqu’à l’apex au moyen d’une lime rotative n° 20 et conicité 2 % après l’avoir élargi avec un instrument de moindre conicité que la C1, mais sur une plus grande profondeur. Cela permet de faciliter le passage de la dernière lime en limitant sa durée d’action et les contraintes qu’elle subit.

Pratiquement incassables

Les A1 ne sont pas conçues vraiment pour un usage unique. Elles peuvent servir un assez grand nombre de fois bien qu’elles s’émoussent à l’usage, en particulier au niveau de la pointe. Leur comportement est extrêmement sécurisant. Je ne suis jamais arrivé à en casser une seule. La capacité de coupe est agréable, surtout avec des limes neuves sur une dentine assez tendre. Les canaux longs et calcifiés sont en revanche plus difficiles à instrumenter jusqu’au bout. La pénétration n’est pas rapide : les lames de coupe, assez peu agressives, offrent un comportement onctueux sans brutalité. Il faut pénétrer de quelques millimètres sans forcer, avec un léger mouvement de va-et-vient, puis retirer la lime dès qu’on la sent trop résister et ainsi de suite. Les spires sont ­assez difficiles à nettoyer dans une compresse. Une bonne irrigation et l’utilisation d’EDTA en gel s’avèrent très utiles. La conicité 8 % et le diamètre de 25/100^e assurent une préparation de qualité dans la majorité des cas. Cependant, un diamètre supérieur peut être parfois nécessaire. L’obturation à la gutta ne pose aucun problème, si ce n’est le choix du maître-cône. Ceux de conicité 6 % peuvent traverser le foramen en condensation verticale. Les mieux adaptés à cet instrument sont finalement ceux conçus pour les limes Dentsply Maillefer à conicité variable. Cette nouvelle A1 est donc une excellente surprise puisqu’elle offre, en rotation continue, des performances quasi identiques à celle des systèmes les plus sophistiqués du marché.