Pas à pas
ADDA-IDF, Académie de dentisterie
adhésive d’Île-de-France
Pour éviter les mouvements parasites, qu’ils soient dus à une mobilité parodontale pathologique ou à une récidive orthodontique, nous sommes amenés à réaliser des contentions. Ces systèmes, visant à solidariser un groupe de dents (en général de canine à canine), peuvent être réalisés en technique indirecte ou directe.
La contention en technique indirecte, ou attelle coulée-collée, est le gold standard en termes de longévité et de fiabilité [1]. Cependant, elle demande une préparation des dents piliers et le recours à un prothésiste. Réalisée en métal, elle peut parfois être inesthétique au maxillaire.
La contention en technique directe fait appel à différents matériaux :
• fil en alliage nickel-titane ou acier tressé retenu sur les dents par des plots de composite ;
• fibre de verre noyée dans de la résine composite [2] ;
• fibre de polyéthylène noyée dans de la résine composite.
Quel que soit le matériau choisi, la contention directe se fait sans aucune préparation dentaire : elle est donc forcément en surépaisseur. Au maxillaire, une normocclusion avec un guide antérieur effectif gêne, voire empêche, la réalisation de ce type de contention.
Un nouveau matériau est aujourd’hui disponible sur le marché pour pallier cette difficulté : le Brush-dip® (Sun Medical). Cette colle, issue de la technologie du Super-Bond™ (Sun Medical), permet de réaliser des contentions directes en fixant uniquement les contacts interdentaires.
À travers un cas clinique, nous allons détailler son utilisation (fig. 1 à 25).
La technique de contention par Brush-dip® présente de nombreux avantages :
• simplicité de réalisation ;
• rapidité d’exécution ;
• esthétique ;
• possibilité de bloquer uniquement les points de contact ;
• faible encombrement ;
• tolérance à l’humidité
• viscoélasticité. Cette résine n’est pas chargée. Elle est donc capable de se déformer pour dissiper les contraintes. Cette propriété est particulièrement intéressante lorsqu’il faut bloquer des mouvements parasites comme une mobilité parodontale accrue ou un phénomène de récidive orthodontique. Plus flexible, la contention a moins de risque de se rompre sous la contrainte.
Malheureusement, cette technique n’est pas idéale et présente aussi des inconvénients :
• temps de prise de 10 minutes, ce qui impose de maintenir un contrôle de l’humidité pendant ce laps de temps. Le recours à la digue reste alors la technique la plus sûre et la plus simple ;
• coût. À l’achat, le coffret semble onéreux. Mais cet inconvénient est à relativiser car il est possible d’effectuer 20 contentions de 6 dents avec un seul coffret ;
• résistance à l’usure. Le Brush-dip® est une colle non chargée. On peut donc se demander quelle sera sa résistance à l’usure dentaire ou à l’usure mécanique de la brosse à dents ;
• absence de recul clinique. Ce matériau a été présenté à l’ADF en 2012 et ne dispose pas d’un recul clinique suffisant pour être préconisé en « technique de référence » pour les contentions directes. Peu d’articles sont disponibles dans la littérature scientifique internationale [6] à son sujet. Même si le Super-Bond™ a démontré son efficacité pendant 36 ans [7, 8], le Brush-dip® doit encore faire ses preuves,
• esthétique. Pour les patients les plus exigeants, une poudre « dentine » aurait été préférable à une poudre translucide.
Simple, rapide, peu encombrant et relativement esthétique, le Brush-dip® semble être le matériau idéal pour réaliser les contentions directes. L’auteur a réalisé à ce jour 87 contentions (75 au maxillaire, 12 à la mandibule) en Brush-dip® en 18 mois. Aucune coloration n’a été observée et seul un décollement sur une dent a été noté. À cet endroit se trouvait un composite proximal. Bien que prometteuse, cette technique doit encore être utilisée avec prudence et montrer qu’elle résiste aussi bien aux contraintes et à l’usure qu’une contention directe en fibre de verre ou en fil acier avant d’être intégrée définitivement dans l’arsenal thérapeutique du praticien.
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’interêts avec la société commercialisant les produits et instruments décrits dans cet article.