Clinic n° 10 du 01/11/2014

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

Depuis quelque temps, les professions libérales sont devenues la bête noire du gouvernement. Comme d’ailleurs tout ce qui peut évoquer de près ou de loin l’idée de liberté, avec une aversion particulière pour la liberté d’entreprendre.

Les plus détestés sont ceux qui ont fait le choix de soigner, car ils sont soupçonnés de faire du profit sur le malheur des autres. Ce n’est pas tant le prix des soins qui choque le Français jaloux moyen que le bénéfice que nous en...


Depuis quelque temps, les professions libérales sont devenues la bête noire du gouvernement. Comme d’ailleurs tout ce qui peut évoquer de près ou de loin l’idée de liberté, avec une aversion particulière pour la liberté d’entreprendre.

Les plus détestés sont ceux qui ont fait le choix de soigner, car ils sont soupçonnés de faire du profit sur le malheur des autres. Ce n’est pas tant le prix des soins qui choque le Français jaloux moyen que le bénéfice que nous en retirons. Les patients sont conscients que des soins de haute qualité, prodigués à l’aide d’un plateau technique performant par du personnel très qualifié, ne peuvent pas être bon marché. Ce qui coince, c’est que d’affreux docteurs, chirurgiens-dentistes ou médecins, arrogants et privilégiés, puissent vivre confortablement non de leur travail mais de la chance qu’ils ont de profiter de la Sécu.

Et la presse d’aligner des chiffres à faire rêver les salariés, persuadés de nous payer au travers des énormes cotisations sociales qui leur sont extorquées.

Or, les chiffres divulgués sont trompeurs et donc manipulateurs. En effet, notre revenu n’a rien à voir avec un salaire, comme on voudrait le faire croire.

Pour un professionnel libéral, il n’y a rien à espérer de la collectivité en cas de chômage.

Pour un professionnel libéral, il n’y a aucune indemnité à attendre en cas de maladie, sauf à cotiser lourdement sur ses propres deniers.

Pour un professionnel libéral, il n’y a pas de congés payés.

Pour un professionnel libéral, la retraite se prend à 67 ans, à un taux moyen de 30 % des derniers revenus qui ferait s’étrangler de rage le plus ouvert des cégétistes.

Pour un professionnel libéral, pas question de prendre un congé parental payé à 100 % de son revenu.

Pour une professionnelle libérale, pas de congé maternité.

Pour un professionnel libéral, pas de formation continue prise en charge par l’État.

Pour un professionnel libéral, pas d’indemnités de licenciement en cas de départ d’un cabinet. Pour un cadre bénéficiant d’un revenu équivalent, ces indemnités peuvent atteindre 1 ou 2 années de traitement.

Pour un professionnel libéral, pas de mutuelle payée par l’entreprise.

Pour un professionnel libéral, pas de comité d’entreprise permettant des vacances de rêve moyennant des participations dérisoires.

Pour un professionnel libéral, pas de prime de départ à la retraite mais, au contraire, 2 années de cotisations à régler d’un coup, plus le licenciement du personnel.

Un libéral qui voudrait bénéficier des mêmes avantages qu’un salarié engloutirait la moitié de ses revenus en primes d’assurance diverses, ce qu’il fait souvent, dans de moindres proportions. Le revenu divulgué par les médias correspond à un salaire moitié moins important. Ce fait nous apparaît comme une évidence et, pourtant, il n’est jamais mis en exergue par nos responsables ordinaux ou syndicaux. Il serait temps de faire prendre conscience de cela au bon peuple de France.