Clinic n° 10 du 01/11/2014

 

L’ÉVÉNEMENT

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

La dernière nouveauté du projet de loi de santé n’a pas été révélée par la ministre de la Santé mais par le ministre de l’Économie : Emmanuel Macron décidait de faire « la transparence » sur les honoraires des prothèses dentaires… en laissant à Marisol Touraine le soin de mener à bien le projet !

S’agit-il dès lors pour le gouvernement de mettre en pratique l’une des deux options émises par l’Inspection générale des finances (IGF) dans son...


La dernière nouveauté du projet de loi de santé n’a pas été révélée par la ministre de la Santé mais par le ministre de l’Économie : Emmanuel Macron décidait de faire « la transparence » sur les honoraires des prothèses dentaires… en laissant à Marisol Touraine le soin de mener à bien le projet !

S’agit-il dès lors pour le gouvernement de mettre en pratique l’une des deux options émises par l’Inspection générale des finances (IGF) dans son rapport polémique sur les professions réglementées ? Première option, le chirurgien-dentiste choisit la prothèse dentaire convenant le mieux à son patient qui la règle directement au prothésiste. Seconde possibilité, le praticien doit indiquer le prix d’achat de la prothèse « non ajustée » pour que celle-ci soit prise en charge… Quid, dans les deux cas, de la responsabilité médicale ? Peut-on résumer un acte médical global, comprenant un dispositif médical sur mesure, à une opération d’achat-vente, comme pour n’importe quel bien de consommation ? Est-ce enfin la juste réponse à apporter au coût de l’acte prothétique pour le patient ?

La profession plaide depuis des années en faveur d’une rémunération correcte des soins conservateurs et chirurgicaux pour permettre un équilibre sain des comptes des cabinets dentaires en vivant de ces soins qui totalisent les deux tiers de leur activité.

Les rapports, longtemps muets sur le sujet, admettent aujourd’hui cette nécessité. Ouvertement. Celui de la Cour des comptes, on s’en souvient, avait fait date sur cette question en 2011. Même celui, si controversé, de l’IGF la reconnaît à son tour ! Et pourtant, une fois le constat dressé et partagé, on s’empresse de s’attaquer à « la transparence » des coûts de l’acte prothétique. Comme pour en faire « le bon filon » susceptible de booster le pouvoir d’achat des Français, voire l’un des signes apportés à Bruxelles de la bonne volonté de la France à vouloir réformer pour s’attaquer à son déficit structurel.

Une réforme s’impose certainement… mais pas celle-là !