Clinic n° 10 du 01/11/2014

 

ENQUÊTE

ADF 2014 - Formation et exercice

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

Un exercice « de plus en plus centré sur le champ médical », des « évolutions technologiques qui conduisent à repenser les traitements et pratiques », c’est autour de ces deux tendances majeures pour la profession que Jean Valcarcel a conçu le programme scientifique du congrès de l’ADF 2014.

Comment le thème du congrès, « La bouche, expression de votre santé », se traduit-il dans le programme scientifique ?

Le thème du congrès a pour but d’explorer les incidences de la médicalisation croissante de notre profession et de réfléchir à la bouche comme signature de l’état physique d’une personne. La cavité buccale et les signes qui apparaissent sur les dents ou sur la gencive sont souvent révélateurs de l’état de santé. Comment les chirurgiens-dentistes peuvent-ils appréhender cela ?

Concrètement, ils ont des connaissances en pathologie orale mais, de plus en plus, ils risquent de devoir aborder les rapports entre les maladies rares, les médicaments, et d’avoir à replacer leur rôle de thérapeute dans cette problématique. Nous le ferons. Autre cas abordé, celui de la carie précoce de l’enfant ou des anomalies de l’émail. On peut réparer, mais on peut aussi chercher à traiter les maladies qui se cachent derrière ces manifestations. C’est une façon un peu novatrice d’aborder le soin en ne se limitant pas uniquement à des actes techniques en bouche. Nous tenterons ainsi de recentrer nos exercices sur le champ médical qui est de plus en plus en rapport avec la réalité quotidienne.

Mais le congrès s’attache aussi à mettre en avant les évolutions technologiques qui conduisent à repenser autrement nos traitements et nos pratiques. Cela fait aussi partie de la santé de l’individu. Jusqu’à présent, en odontologie, nous avions des connaissances bien arrêtées avec des traitements codifiés. Ainsi, avec la régénération endodontique, on repense complètement l’abord endodontique avec une approche qui tente de restituer à la pulpe pathologique des capacités de régénération. Cette séance sur la régénération, couplée à une autre sur l’endodontie au cœur de la santé et complétée par celle sur la prévention des maladies individuelles bucco-dentaires, positionne le chirurgien-dentiste dans une approche thérapeutique globale.

Comment le DPC s’intègre-t-il au programme cette année ?

Contrairement à l’an dernier, les séances ne sont pas spécifiquement ouvertes aux seuls participants du développement professionnel continu (DPC). Tous les praticiens pourront donc les suivre. Le nombre de parcours DPC a aussi été revu à la hausse. Il y en aura 9 au lieu de 6 l’an dernier.

À l’avenir, l’idéal serait que tous les programmes de l’ADF répondent à l’objet d’un DPC. Mais aujourd’hui, le cadre du DPC reste trop restrictif avec un manque de prise en compte des caractéristiques de nos pratiques professionnelles. Nous aurions besoin d’une plus grande adaptation en ayant par exemple une possibilité de vérifier les connaissances acquises entre l’avant et l’après-congrès, mais sur toutes les facettes de notre exercice.

Qu’appelez-vous les « chemins de perfectionnement » dans le programme ?

Notre idée était de bâtir le programme de la façon la plus cohérente possible pour qu’un congressiste intéressé par un sujet puisse le suivre linéairement sans avoir à choisir entre deux séances complémentaires au même moment. Si on prend le cas de la prothèse maxillo-faciale, la grille est construite de telle sorte que deux séances sur ce thème ne se trouvent pas dans un même créneau horaire. Nous avons ainsi établi des séries de trois séances successives dans un domaine que l’on a nommé « chemins de perfectionnement ». Cela permet de mieux confronter les connaissances et de stimuler la discussion. Cette année, un congressiste intéressé par l’odontologie pédiatrique peut suivre une séance permettant d’évaluer le « bon moment » pour réaliser des traitements orthodontiques, suivie d’une autre pour mieux identifier les anomalies de l’émail, puis d’une troisième pour améliorer son approche sur la carie précoce. Ces trois séances se succèdent de 9 heures à 18 heures le mardi. De la même manière le mercredi, un congressiste intéressé par la prothèse pourra suivre la séance sur la gestion des écueils en prothèse, puis participer à la « Rencontre avec » Stéphane Viennot sur la reconstruction prothétique globale et, enfin, se rendre à la séance « Prothèse : quand conserver, changer ou optimiser l’occlusion habituelle  ». Voilà deux exemples de chemins parmi d’autres. Nous avons organisé une vingtaine de séances sur ce modèle. Ce n’est pas du DPC, mais ces chemins sont peut-être une manière de faire un jour du DPC. Pourquoi pas ? En tout cas, c’est plus léger à gérer que le DPC.

Quel message voulez-vous transmettre aux congressistes ?

Le chirurgien-dentiste n’est pas seulement un technicien. L’observation de la cavité buccale lui permet de déceler beaucoup de choses sur l’état de santé de son patient. Il est aussi souvent l’intermédiaire de santé le mieux placé pour écouter son patient, parce qu’il est très près de lui. Son métier est aujourd’hui très complet avec plusieurs compétences médicales à sa disposition. Pour toutes ces raisons, il doit être fier d’exercer sa profession.