Boucles d’or

La société américaine Garrison a été l’une des premières à proposer une solution originale pour restituer les points de contact proximaux en composite postérieur. J’avais découvert ses anneaux écarteurs et ses matrices galbées hyperfines au début des années 2000. Depuis, d’autres fabricants ont mis au point des systèmes encore plus originaux et astucieux, mais toujours fondés sur le même principe. Ayant abandonné les anneaux Garrison au profit d’autres systèmes, j’ai souhaité tester les dernières productions de la marque, après en avoir entendu le plus grand bien de la part d’amis proches. Ne souhaitant pas acquérir la totalité du coffret – je possède un assortiment de pinces et de matrices encore important –, je me suis borné à acheter une paire d’anneaux de la plus récente génération, les Composi-Tight® 3D XR aux mors bleus et noirs.

Vraiment très chers

Première surprise, leur prix franchement indécent. Si cela n’avait pas été pour la bonne cause, je crois que je me serais abstenu de les commander. Car même si la classification commune des actes médicaux (CCAM) nous accorde une augmentation royale de près de 5 euros sur chaque obturation proximale, nos tarifs de soins français n’ont rien à voir avec ceux pratiqué dans les autres pays occidentaux. Certes, me direz-vous, ces anneaux ne sont pas du matériel consommable et serviront très longtemps. À voir car, à l’inverse de ceux en métal, inusables, ils présentent des inserts en plastique et silicone dont on peut présumer qu’ils s’useront et se détérioreront après quelques centaines de cycles de nettoyage et de stérilisation en autoclave. Le fabricant met l’accent sur la faculté d’écartement extrême de ces anneaux : 3 à 4 fois plus que les autres systèmes. De fait, il faut une force quasi herculéenne pour les manipuler. Les pinces de la marque sont bien plus efficaces que de vulgaires pinces à clamps, pas toujours idéales. Les inserts noirs et bleus doivent venir se coincer entre les dents adjacentes, autour de la matrice du côté vestibulaire et lingual. Ils s’installent un peu au-dessus du coin interdentaire grâce à leur échancrure inférieure. Leur mise en place ne m’a paru ni rapide ni facile.

Résultats impeccables

Si la cavité est très ouverte, mieux vaut d’abord reconstruire en composite les parois axiales, linguales ou vestibulaires pour réduire sa largeur. Autrement, la matrice s’écrase sous la pression des mors et ne restitue plus le galbe originel de la dent. Grâce à la matière semi-rigide des inserts, ceux-ci épousent parfaitement les formes arrondies des molaires, sans glisser une fois en place. Cela ne doit pas faire oublier la nécessité de bien plaquer la matrice contre la dent adjacente avant d’obturer la cavité. Si l’installation des anneaux n’est pas très aisée, leur dépose est toujours simple et rapide. La matrice, en revanche, se révèle très difficile à sortir, en raison du contact extrêmement serré avec la dent voisine. Plutôt rassurant et réjouissant quand on sait à quel point cela représente un défi dans bien des situations. Pour extirper la bande métallique de l’espace interdentaire, il faut employer une pince hémostatique plutôt que des précelles, souvent inefficaces. Encore un instrument supplémentaire direz-vous ! Car oui, le véritable problème avec ces systèmes, par ailleurs extrêmement performants, c’est qu’ils imposent l’utilisation de tout un matériel encombrant et volumineux, qu’il faut nettoyer, emballer et stériliser, alourdissant les procédures de maintenance et le temps qui leur est alloué.