Clinic n° 09 du 01/10/2014

 

Ergonomie

David BLANC  

www.ergonomie-dentaire.com

Les statistiques sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) des chirurgiens-dentistes sont affligeantes. Leur prévalence atteint 64 à 93 % de la profession. Une meilleure ergonomie du poste de travail pourrait permettre de les réduire de façon importante.

Les TMS sont un signe fort d’inadaptation à notre poste de travail, malgré toutes les tentatives menées par les concepteurs d’units dentaires. Il était donc urgent d’analyser ce poste de travail avec des outils objectifs tels que des mesures électromyographiques et des mesures d’amplitudes articulaires. Une étude menée par David Blanc, Pierre Farré et Olivier Hamel à la faculté dentaire de Toulouse(1) vient d’être publiée. Elle porte sur l’effort musculo-squelettique des chirurgiens-dentistes à partir de mesures de l’activité électrique produite par les muscles des praticiens et de mesures des mouvements.

Les effets d’un détartrage

Des mesures ont été effectuées sur les muscles trapèzes et lombaires, et sur les vertèbres cervicales et lombaires (fig. 1) pendant un détartrage. Deux positions ont été comparées. Dans la première, le patient est à demi assis dans un fauteuil dentaire traditionnel. Dans cette position, il est associé à un kart ou un transthoracique. Dans la seconde situation, le patient est allongé sur une table de soins selon les préconisations du concept de Daryl Beach (fig. 2).

Les résultats de ces mesures montrent que le concept de Beach a tendance à réduire l’astreinte sur la plupart des paramètres. En particulier, la durée d’activité des spinaux lombaires gauches est nettement diminuée (de 15 à 2 % du temps, et de 71 à 27 % de la force maximale volontaire). L’étude permet aussi d’observer une diminution du temps passé en inclinaison cervicale (de 30 à 4 % du temps) et en flexion supérieure à 20° (de 40 à 9 %), ainsi qu’une réduction de l’activité du trapèze gauche (de 74 à 40 % de la force maximale volontaire). De plus, la totalité des valeurs les plus faibles enregistrées l’ont été avec le concept de Beach et les plus élevées avec les concepts des fauteuils traditionnels.

Le temps passé en flexion cervicale s’avère enfin très différent entre les deux concepts (fig. 3).

D’autres études seront nécessaires pour connaître la part que jouent, dans ces résultats, le matériel et l’enseignement des méthodes de travail. Mais on peut déjà en conclure que les facultés seraient bien inspirées de modifier leur enseignement de l’ergonomie. Les bonnes habitudes de travail se prennent tôt ! Il faudrait que les fabricants d’units dentaires ne proposent pas que des fauteuils. Le temps du barbier chirurgien est révolu. La prévalence des TMS et les mesures objectives le montrent…

(1) Blanc D, Farré P, Hamel O. Variability of musculoskeletal strain on dentists : an electromyographic and goniometric study. Int J Occup Saf Ergon 2014;20:295-307.