Clinic n° 09 du 01/10/2014

 

L’entretien

Anne-Chantal de Divonne  

La rentrée 2014 marque un tournant dans les méthodes d’enseignement de la faculté de Lyon. Les cours magistraux disparaissent au profit de cours de type e-formation interactifs sur des tablettes androïdes. Lors de cours dirigés à petits effectifs, les enseignants évaluent les acquis, clarifient les aspects non compris, instaurent le débat et approfondissent les connaissances.

Denis Bourgeois, doyen de la faculté et à l’origine de cette réforme, explique sa démarche.

Dans les formats classiques d’enseignement, « nous observons, du moins à Lyon, un décalage des connaissances entre les cours magistraux non obligatoires et les travaux pratiques et dirigés : les étudiants n’intègrent pas ou peu et/ou ne travaillent pas assez la théorie avant de passer à la pratique », constate le doyen de la faculté de Lyon qui est à l’origine des évolutions dans les méthodes pédagogiques de la faculté d’odontologie. S’ajoute à ce problème le fait que le système d’évaluation en fin de période favorise les révisions hâtives de veille d’examen…

Évaluation en continu

« Pour que les enseignements soient mieux assimilés, notre première idée a été de mettre en place une évaluation en continu des connaissances qui impose un rythme beaucoup plus soutenu de l’apprentissage. » La seconde idée a été de lutter contre l’absentéisme aux cours. « Après la première année commune d’études de santé (PACES), les étudiants sont quasi assurés d’obtenir leur diplôme à la fin des cinq années d’études et de trouver du travail. Comment expliquer que seuls 20 à 40 % d’entre eux assistent régulièrement aux cours, tandis que les autres travaillent sur des cours recopiés de plus ou moins bonne qualité, alors qu’au final, 99 % des étudiants réussissent ? », interroge Denis Bourgeois. « Dans ces conditions, on peut se demander à quoi servent les cours théoriques qui sont les fondamentaux de la mise en application clinique et, même, si l’on va au bout du raisonnement, à quoi servent les enseignants qui pourraient se sentir démotivés eu égard à leur investissement », ajoute-t-il.

Une pédagogie interactive individuelle en e-formation

À compter de cette rentrée, chaque responsable se doit de produire un format d’enseignement, disponible pour l’étudiant sur tablettes individuelles androïdes ou mobiles. Ce format didactique et dynamique s’accompagne de publications, de documents de synthèse, d’ouvrages ebook, de vidéos, de liens URL, de quiz… « L’objectif est de créer une interactivité de l’ensemble des étudiants avec l’enseignant via un forum de discussion, de les amener à s’approprier, à leur rythme, les contenus avec une autoévaluation accessible en permanence, de nous rendre aussi plus disponibles et d’être à leur écoute », indique le doyen.

Par petits groupes

Pour accompagner ces cours à distance, des enseignements dirigés, réguliers et obligatoires, sont organisés par groupes restreints. Ils intègrent une évaluation des acquis liés aux programmes préalablement définis et disponibles sur l’e-formation, un forum de discussion sur des questionnements et incompréhensions, une synthèse de travaux délivrée par les étudiants et un approfondissement ponctuel du sujet.

Denis Bourgeois relève les avantages de ce système. « Les étudiants ne peuvent plus se permettre de prendre du retard. Il y a une homogénéisation des connaissances acquises de manière continue, interactive et dynamique. Les rencontres portent plus sur les difficultés rencontrées. »

Les étudiants partants

Du côté des étudiants, « je m’attendais à une certaine réticence », reconnaît le doyen. Ils ont été largement associés à la mise en place de cette formation. « Cela leur laisse finalement la liberté de s’organiser. Je pense qu’ils auront plus de travail sur le principe, mais nous leur donnons la possibilité de dégager du temps dans leurs formations. En revanche, ce nouveau type de parcours a demandé aux enseignants une restructuration intégrale de leurs formations, un changement radical des méthodes de travail et aussi plus de présence. Une fois passées les inquiétudes initiales, « tout le monde – les étudiants, les enseignants, et l’administration – s’est emparé du projet avec volonté et intérêt ».

Cap sur l’anglais

2014 signe une volonté d’améliorer le niveau d’anglais des étudiants. La faculté d’odontologie de Lyon met en place des structures pour préparer les étudiants de 2e année au TOEFL, niveau B1 (Test of English as a Foreign Language) qui est obligatoire. L’examen sera financé par l’Université Lyon 1. Les étudiants qui n’obtiennent pas le score fixé, devront le repasser.