Clinic n° 08 du 01/09/2014

 

L’impression 3 D…

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PAUL CATTANÉO  

La 3D fait forte impression. Ce procédé de fabrication en relief fait couler beaucoup d’encre. On parle déjà de révolution dans le domaine de la santé. Explications.

Comment ça marche ?

Le principe n’est pas très éloigné de celui utilisé par les imprimantes à jet d’encre avec des buses qui déposent des couches d’encre sur un support papier. Pour l’imprimante, les buses déposent d’infimes couches de matériau fondu successives jusqu’à l’obtention du produit dessiné sur un ordinateur. Aujourd’hui, la diffusion de l’impression 3D gagne les domaines de la médecine.

L’impression 3D en médecine ?

La possibilité de délivrer des traitements personnalisés, sur mesure, est perçue comme l’une des meilleures voies d’amélioration de l’efficacité thérapeutique. Une publication dans la revue New England Journal of Medecine fait état de la pose d’une prothèse trachéale obtenue par impression 3D (équipe du Pr G. Green, université du Michigan) pour sauver la vie d’un nourrisson souffrant d’une trachéobronchomalacie.

Des chercheurs de l’université Cornell (New York) sont parvenus à fabriquer des oreilles humaines artificielles (en collagène et cellules vivantes) d’aspect tout à fait naturel.

On parle déjà de l’impression de tissu humain (bio-impression) pour pallier les problèmes de compatibilité donneur-receveur et à la problématique du don d’organes. Des imprimantes adaptées pourraient même permettre de développer des cultures de cellules souches. Imprimer du « vivant » n’est plus de la science-fiction !

L’impression 3D et le monde dentaire

En combinant imagerie, numérisation orale, CFAO et impression 3D, la médecine dentaire se retrouve au cœur de la conception numérique. Les laboratoires dentaires français s’équipent de plus en plus dans ce domaine (plus de 20 %) alors que l’utilisation des sondes optiques intrabuccales fait une percée plus modeste chez les praticiens (moins de 5 %).

Objectif : gagner du temps et renforcer la précision de traitement.

Les domaines d’application sont très nombreux : en implantologie ou en chirurgie buccale, l’impression 3D permet de réaliser des répliques en trois dimensions de la mâchoire d’un patient. Une présentation, par la société américaine 3D Systems, a été effectuée tout dernièrement à l’université Paris Descartes. Des modèles 3D reproduisant l’anatomie du patient (intégrant le nerf dentaire, les artères et les sinus), obtenus à partir de scanners, permettent un auto-entraînement chirurgical. Les guides chirurgicaux imprimés en 3D sont utilisés pour améliorer le positionnement des implants. La numérisation de l’alvéole après extraction préfigure l’arrivée des implants « sur mesure ».

La prothèse se conjugue au présent. La première implantation d’une mandibule en titane par impression 3D a été réalisée en 2011. L’élaboration de modèles à partir de fichiers numériques scannés par voie orale, de châssis métalliques pour la prothèse amovible partielle, d’armatures métalliques ou encore de couronnes ne présente plus de difficultés en impression 3D. Mais le plus spectaculaire est sans doute à venir avec la combinaison de nouveaux matériaux et l’optimisation des impressions 3D, préfigurant l’arrivée imminente des « couronnes-minutes ».