Les doigts dans le nez

Ces matrices à usage unique sont conçues comme des Tofflemire. Disponibles en deux tailles, reconnaissables à leur parement vert ou bleu, elles sont constituées d’une bande d’acier sertie dans un porte-matrice doté d’un manche de plastique blanc au design épuré. La bande forme une bague que l’on ajuste, une fois l’avoir placée autour de la dent, en tournant la petite vis colorée à l’extrémité du manche ; comme il n’y a qu’une seule position possible pour installer le porte-matrice – le manche du côté vestibulaire et la vis vers l’avant de la bouche –, un astucieux dispositif permet de la rendre plus étroite au collet selon le secteur traité.

Mise en place simplissime

Un minuscule curseur de couleur, du côté interne du manche, doit être déplacé vers le haut ou le bas, du côté que l’on veut resserrer un peu plus. Ce rétrécissement est plutôt symbolique. À l’œil nu, on ne voit pratiquement rien. La bande a une forme vraiment basique : plate et rectiligne, sans la moindre courbe pour suivre le contour gingival ou convenir aux dents fortement évasées du collet à la face occlusale. Aussi, malgré une installation étonnamment facile et agréable, est-il indispensable de bien vérifier son adaptation au niveau cervical. L’adjonction d’un ou de plusieurs coins bien engagés dans l’espace interdentaire se révèle indispensable pour éviter qu’elle ne bâille à cet endroit. Les Pro-Matrix existent en deux hauteurs : 4,5 mm pour les vertes et 6 mm pour les bleues. Pas de difficulté pour faire son choix, les premières correspondant plutôt aux prémolaires, les secondes aux molaires. Cette largeur pourra cependant se révéler insuffisante pour des dents très hautes ou en cas de limite juxta-gingivale ou sous-gingivale, en particulier sur les molaires maxillaires. Ne pratiquant plus d’obturation à l’amalgame depuis pas mal d’années, je ne fais plus que des restaurations directes en composite.

Attention au point de contact

De ce fait, même si je n’ai enregistré aucune difficulté pour restituer une anatomie correcte avec ces matrices, je n’ai pu m’empêcher de constater une certaine incapacité à obtenir des points de contact suffisamment forts. L’adjonction d’un anneau écarteur m’a semblé indispensable pour compenser l’épaisseur de la bande d’acier (0,038 mm) une fois celle-ci retirée. Si les Pro-Matrix sont incomparablement plus agréables, simples et pratiques que les Tofflemire, ne serait-ce que parce qu’elles sont à usage unique et déjà montées, elles correspondent à un concept un peu ancien. Je me suis rendu compte, au fil des années, que ce n’est pas tant l’écartement qui prime pour obtenir une bonne morphologie proximale et des rapports convenables avec la dent voisine mais le galbe de la matrice : une bande plate, même bien sertie au collet, va toucher la face proximale de la dent adjacente à son sommet. Une matrice arrondie forme un point de contact situé aux deux tiers de la hauteur totale de la dent et ménage une bonne embrasure occlusale en évitant les bourrages alimentaires. Nous sommes loin de ces subtilités avec les Pro-Matrix, qui sont certes de gentils petits soldats, sympathiques pour les obturations en amalgame parce que le foulage du matériau permet de bien plaquer la bande contre la dent voisine, mais pas vraiment au top pour des restaurations en composite un peu délicates.