Il nous fait tourner la tête

L’IDS 2013 a vu la sortie sur le marché de deux contre-angles multiplicateurs un peu particuliers : ils ont une tête inclinée de 45° vers l’arrière au lieu de l’angle droit traditionnel. Cela fait plusieurs années que des turbines conçues de la sorte existent chez plusieurs fabricants. Elles permettent d’accéder plus facilement aux secteurs postérieurs de la bouche et sont spécialement conçues pour la chirurgie des dents de sagesse. La turbine est un instrument beaucoup plus simple, presque rudimentaire par rapport aux contre-angles multiplicateurs. Son principal inconvénient est que la fraise, sitôt qu’elle rencontre une résistance, est considérablement freinée et ne tourne jamais à vitesse maximale. On travaille à la turbine par petites touches, le temps qu’elle reprenne des tours, ce qui rend l’intervention peut-être moins brutale mais plus laborieuse.

Bien mieux qu’une turbine

Avec une turbine, la fraise continue de tourner durant un court instant même après qu’on ait lâché la pédale de commande. Cela n’est jamais bien agréable et s’avère dangereux si l’on s’égare en direction des tissus mous. Rien de tout cela n’existe avec les contre-angles multiplicateurs. C’était donc l’occasion pour moi d’essayer l’un de ces fameux instruments à l’allure étrange. Mon dévolu s’est jeté sur le NSK Z45L qui, outre cette tête si spéciale, dispose d’un conduit de spray interne et d’une vitesse de rotation plus élevée que son concurrent. Comme ses frères, le Ti-Max Z45 L est revêtu d’une robe gris sombre satinée au contact très agréable. La tête est vraiment oblique, avec une légère voussure sur le dessus du manche, étroit et confortable. Le barreau optique délivre une lumière puissante et bien orientée. Le spray air-eau est distribué grâce à quatre orifices disposés en couronne autour de la tête, pour une irrigation et un refroidissement sans faille quelle que soit la situation. L’introduction des fraises est un peu dure, sans doute en raison d’une tolérance plutôt stricte du diamètre de leur logement.

En chirurgie mais pas seulement

Ne pratiquant que très occasionnellement la chirurgie des dents de sagesse, j’ai souhaité découvrir les possibilités et les limites de ce curieux engin en commençant par préparer une couronne sur une première molaire inférieure. Je n’ai pas été spécialement gêné par cette position de la tête. Lorsque l’on fraise dans le sens axial de la dent, le confort est quasi similaire à celui d’un contre-angle classique. Lorsque la fraise est à peu près horizontale pour réduire la hauteur de la face occlusale, on est un peu gêné si l’on travaille de l’intérieur de la bouche vers l’extérieur, mais presque pas dans l’autre sens. J’ai simplement remarqué qu’il me fallait appuyer un peu plus sur la dent qu’avec mon contre-angle multiplicateur habituel. En voyant l’inscription sur le manche du Z45 L, j’ai compris pourquoi celui-ci ne multiplie pas la vitesse de rotation du moteur par 5, mais seulement par 4,2. Ainsi, il plafonne à 168 000 tr/min et non pas 200 000 tr/min. C’est dans les situations plus difficiles que ce contre-angle révèle tout son potentiel : pour fraiser une carie cervicale vestibulaire sur une dent de sagesse ou une deuxième molaire, le confort est excellent. Pour les hémisections à la mandibule ou les alvéolectomies avec une fraise à os, c’est un vrai régal : la puissance ici est tout à fait suffisante et la position de la main parfaite.