Dépose minute

Ce matériau n’a aucun équivalent sur le marché, ce qui fait d’autant plus plaisir qu’il a été conçu et fabriqué entièrement en Île-de-France. Ceux qui posent fréquemment des inlays ou des onlays connaissent les composites translucides plus ou moins souples que l’on utilise en restauration temporaire pour combler les cavités entre deux rendez-vous. Ces produits, photopolymérisables, se présentent en seringue à vis ou en capsule pour pistolet. Ils sont assez difficiles à modeler et adhèrent peu aux structures dentaires mais sont relativement simples et rapides à mettre en œuvre. Leur teinte grisâtre au départ a tendance à jaunir après une semaine en bouche. D’une dureté assez faible, ils s’éliminent aisément à la sonde, d’une seule pièce ou en petits morceaux si la cavité est un peu rétentrice.

Une présentation unique

Le Prorez présente à peu près les mêmes indications que ces matériaux, mais il n’a pas la même composition ni le même conditionnement. Sa formule est dérivée de l’un des meilleurs ciments de scellement provisoire du marché, le Seal Temp S, à base de résine. Le fabricant a modifié sa formule sur trois points : il y a rajouté des charges pour augmenter légèrement sa viscosité, des colorants pour faire passer sa teinte blanche à un beige beaucoup plus proche de la teinte naturelle des dents, et il l’a doté d’une prise duale pour raccourcir le temps de prise si nécessaire. Le produit se présente en petite seringue de 5 ml à deux compartiments. Grâce à un embout intrabuccal, on peut le déposer dans les moindres recoins pour une adaptation optimale de la future restauration provisoire. Le Prorez coule un peu avant la prise. Heureusement, celle-ci est très rapide, même sans lumière : elle ne dépasse pas 2 minutes. Durant ce laps de temps, il n’est pas toujours facile de modeler le matériau pour l’adapter aux surfaces occlusales antagonistes, mais on peut rapidement le meuler une fois sa prise achevée, à l’aide de fraises diamantées à grain fin et haute vitesse.

Indications multiples

J’ai trouvé ce produit tout à fait intéressant et plus fiable que les résines photopolymérisables qui ne m’ont jamais totalement convaincu. Sa dureté finale est assez élevée et sa capacité d’adhésion aux structures dentaires suffisante pour que l’obturation ne s’échappe pas des cavités entre deux rendez-vous. Aucune sensibilité postopératoire n’a été remarquée sur les dents pulpées. On peut évidemment l’utiliser dans toute autre circonstance où le retrait de l’obturation provisoire d’une manière propre et rapide est souhaité, par exemple après un traitement endodontique, plutôt que d’employer un ciment de type Cavit® qui produit beaucoup de déchets au moment de sa dépose par fraisage. Si l’on a pris la précaution de placer une boulette de coton imprégnée d’une solution de chlorhexidine dans le fond de la cavité, celle-ci apparaît d’une propreté totale et sans la moindre odeur le jour de la dépose. Un autre des avantages de cette résine est qu’elle laisse des parois intactes et une gencive merveilleusement saine à son contact. Les indications du Prorez se révèlent nombreuses et nouvelles en fonction des situations rencontrées. Il existe cependant deux restrictions : en raison de son adhérence modérée, il n’est pas envisageable de l’utiliser dans des cavités peu rétentives. L’autre inconvénient, qui n’est pas spécifique à ce produit, est qu’il ne polymérise pas en présence d’eugénol ou de pansements sédatifs utilisés pour calmer une pulpite, et ne peut donc servir, dans ce cas, en remplacement des ciments conventionnels.