Il a touffe haut

Vous vous souvenez peut-être de ce nouvel applicateur que j’ai découvert lors de ma visite à l’IDS de Cologne l’année dernière. La société Transcodent, spécialisée dans la fabrication d’aiguilles d’anesthésie et d’irrigation canalaire, présentait un très joli petit accessoire, l’Appliquator. Ayant reçu toute une série d’échantillons, j’ai fini par les essayer et décidé de vous en parler ici. L’innovation est de taille, selon le fabricant : les applicateurs traditionnels sont constitués d’une tige de plastique revêtue à son extrémité d’un pompon de micro­fibres synthétiques fixées par collage. Cette répartition aléatoire des fibres n’autorise pas l’imprégnation d’un volume constant de produit. Il arrive, par ailleurs, que des fibres se détachent de leur support et contaminent les surfaces dentaires.

Une tête bien faite

Pour remédier à ces inconvénients, la compagnie Transcodent a repensé entièrement le problème et propose, avec l’Appliquator, un dispositif ayant sensiblement le même aspect mais dont la tête est totalement différente : sa forme ovoïde est constituée d’un empilement de petites lamelles de plastique souple, translucides et moulées d’une seule pièce à l’extrémité de la tige. L’espace entre les lames, qui ont une forme de trèfle, est assez petit pour que n’importe quel liquide y reste piégé par capillarité. Pas de fibres, une forme identique pour tous les applicateurs : une solution idéale pour éviter tous les risques évoqués plus haut.

Il faut le souligner, la qualité de fabrication du système est vraiment remarquable : on ne distingue pas du tout la liaison entre le manche et la tête. L’Appliquator existe en quatre couleurs, deux tailles et deux duretés : bleu regular, vert regular souple, jaune fin, rose fin souple. Les modèles les plus fins sont équivalents aux Microbrush™ ou succédanés de même taille : pas mal pour la plupart des usages mais un peu gros pour les cavités très étroites comme on en réalise de plus en plus aujourd’hui grâce aux aides optiques.

Beaucoup trop souple

Je sens qu’une question vous brûle les lèvres après ce long exposé : ces nouvelles brossettes sont-elles réellement intéressantes, utiles, indispensables ? Ma réponse, péremptoire, est la suivante : oubliez-les, elles n’ont aucun intérêt ! Je le constate de plus en plus souvent, beaucoup de fabricants se trompent d’objectif, s’égarant sur des voies douteuses où ils déploient un savoir-faire inouï mais à bien mauvais escient. Le principal usage des microbrosses est l’application d’adhésif sur les parois dentinaires. Depuis que l’on connaît la façon d’agir de ces produits, on sait - ou plutôt, on devrait savoir - qu’il faut frotter vigoureusement la dentine pour réaliser une couche hybride de bonne qualité qui assurera un collage efficace. Pour ce faire, il est indispensable d’utiliser un applicateur rigide et non pas souple comme l’Appliquator, qui s’écrase à la moindre contrainte et se plie à la jonction entre la tête et la tige. Par ailleurs, mais ceci n’est pas spécifique de ce produit, les manches fins sont la plus mauvaise proposition qui soit pour ce genre d’ustensile. Certes économiques, peu volumineux et faciles à réaliser, ils se révèlent extrêmement mal commodes quand on les serre entre les doigts. Mieux vaut un applicateur court et rigide, fixé sur un manche large et de bonne taille, pour une prise en main confortable et une réelle efficacité. Autant dire que nous en sommes très loin ici.