Plein la bouche

Si vous êtes un lecteur assidu de Clinic, les nouvelles lois sur les produits d’éclaircissement dentaire n’ont plus de secret pour vous. Vous savez donc que la concentration maximale autorisée pour l’usage cosmétique s’élève à 6 % de peroxyde d’hydrogène ou 16 % de peroxyde de carbamide. La technique habituelle des gouttières faites « sur mesure » donne d’excellents ­résultats avec ces derniers produits à 10 ou 15 %. Mais elle exige de prendre des empreintes, de les préparer puis de réaliser les gouttières au laboratoire. Autant d’opérations qui augmentent sérieusement le coût du traitement. Pour éviter ces contraintes, la société hollandaise Cavex propose le système Bite & White, des gouttières préfabriquées, préchargées en gel de peroxyde d’hydrogène à 6 % et 0,2 % de nitrate de potassium pour éviter les hyperesthésies dentinaires.

D’une seule pièce

Contrairement aux propositions des autres fabricants, les Bite & White sont des dispositifs en plastique souple et transparent réunissant en une seule pièce les deux gouttières, maxillaire et mandibulaire. La boîte vendue pour un traitement complet contient six de ces appareillages, enfermés individuellement dans une épaisse pochette en plastique métallisé totalement hermétique : le gel de peroxyde contient de l’eau et doit être isolé de l’air pour ne pas se dessécher. Le dispositif n’existe qu’en une seule taille. Il est totalement symétrique : les deux « gouttières », de même dimension, se font face l’une au-dessus de l’autre, séparées par une épaisseur de matériau d’environ 3 mm. Ce dernier ressemble à un silicone relativement souple. Une zone renflée à l’avant permet de saisir l’ensemble et de l’installer en bouche très facilement. Le gel, incolore, est dense. On sent qu’il enveloppe totalement les dents jusqu’aux prémolaires, car les zones latérales postérieures en sont dépourvues.

Une demi-heure, tout au plus

Le dispositif, que j’ai essayé dans ma propre bouche, est d’un confort très relatif. Il fait beaucoup saliver et doit être plutôt porté durant une période d’inaction totale. Impossible de parler avec, bien sûr. Pendant les premières minutes, j’ai avalé ma salive sans problème car le bourrelet postérieur des gouttières forme un rempart qui protège la langue. Mais au bout d’un quart d’heure, le gel, insipide au départ, commence à se déliter et se répand dans la bouche. Il se révèle de plus en plus piquant, voire amer, réclamant de cracher au bout de 15 à 20 minutes, ce qui est impossible sans retirer complètement l’appareil. J’ai eu tendance à serrer les mâchoires au début, mais j’ai relâché rapidement la pression pour mettre mes muscles au repos. Je n’ai jamais pu aller jusqu’au bout de l’essai. Je pense qu’il est très difficile de tenir plus d’une demi-heure avec ce système en bouche et qu’il faut une bonne dose de motivation pour poursuivre le traitement 6 jours durant. Mon expérience avec d’autres produits m’a appris qu’un minimum de 90 minutes par jour pendant 10 jours, voire 2 semaines, était indispensable, à cette concentration d’agent actif, pour obtenir des résultats visibles et stables. Cela remet en cause l’efficacité de la méthode présentée ici à cause de son confort insuffisant, mais également sa pertinence : étant donné le prix du produit, il n’est pas sûr qu’il soit si compétitif par rapport aux méthodes traditionnelles ou à celles, similaires, proposées par la concurrence.