Clinic n° 05 du 01/05/2014

 

C’est mon avis

Armand SEDEFDJIAN  

Président de l’association
Médecine Égalité Liberté

Depuis les origines de la vie sur la Terre, et probablement dans tous les autres mondes où la vie existe, la communication en est un élément consubstantiel. Après différentes espèces animales, n’a-t-on pas découvert que les végétaux eux-mêmes communiquent, entre eux et avec les êtres qui les entourent ? Pourquoi les esprits ne communiqueraient-ils pas, eux aussi ?

Mais restreignons le champ de nos conjectures et revenons en deçà, sur nos certitudes, en l’occurrence...


Depuis les origines de la vie sur la Terre, et probablement dans tous les autres mondes où la vie existe, la communication en est un élément consubstantiel. Après différentes espèces animales, n’a-t-on pas découvert que les végétaux eux-mêmes communiquent, entre eux et avec les êtres qui les entourent ? Pourquoi les esprits ne communiqueraient-ils pas, eux aussi ?

Mais restreignons le champ de nos conjectures et revenons en deçà, sur nos certitudes, en l’occurrence l’humanité, pour convenir que cette communication prend de plus en plus d’importance dans notre vie de tous les jours. Nous voyons bien que la multiplication des médias nous soumet à une gymnastique incessante entre les langages disparates qu’utilisent les intervenants dans chaque spécialité et dont se servent nos différents interlocuteurs selon le champ de nos conversations. La famille et ses composantes, les relations multiples, amis, voisins, collègues de travail et bien d’autres, où les différences de génération, d’activités ou de centres d’intérêt se superposent. Et sans doute le niveau culturel… S’y ajoute la diversité des vocabulaires et des tournures de style, sans omettre les termes techniques, les sigles et les acronymes, ainsi que l’utilisation de plus en plus fréquente de mots et de locutions étrangers, dont le « franglais » et ses « faux amis » qui multiplient les faux-sens, voire les contresens… Ajoutons-y la multiplication des jargons propres à chaque corporation et nous aurons une idée de la complexité de la communication, dont la conséquence paradoxale aboutit à un déficit de plus en plus imposant.

Et s’il est un domaine où ce déficit est le plus préjudiciable, c’est bien celui des relations entre les soignants et les soignés. Justement là où nous en avons le plus besoin et où l’absence de communication et sa détérioration nous compliquent grandement la tâche. Une bonne communication entre les malades (et leurs proches) et les professionnels de santé est indispensable dans un processus de guérison. Comment y parvenir si le patient ne comprend pas les paroles de celui qui doit diagnostiquer sa maladie et la traiter ? Le patient n’est pas un débile, il faut juste lui tenir un langage compréhensible ou, au moins, lui expliquer la situation avec des mots simples, à sa portée. Encore faut-il que son thérapeute soit suffisamment formé à un minimum de psychologie et de pédagogie et, surtout, qu’il dispose du temps nécessaire pour communiquer avec lui.

Est-on persuadé, en haut lieu, que la tendance lourde du numerus clausus à limiter le nombre des professionnels, pratiquée par toutes les politiques de santé depuis plus de 30 ans, assortie du déni de déficit de la démographie médicale, soit le meilleur moyen de parvenir à répondre à cette problématique ?

Nous avons hélas les défauts de nos qualités : quelquefois, à vouloir trop bien faire, voire peut-être aussi un peu à nous valoriser aux yeux des autres, nous appliquons la maxime des Shadoks : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »