Sois plus ferme !

J’avais entendu parler depuis longtemps de ces pinceaux en silicone proposés pour le modelage et la sculpture des composites. C’est la société italienne Micerium, spécialisée dans les produits de dentisterie esthétique, dont le fameux Enamel HRI à l’indice de réfraction voisin de celui de l’émail, qui le propose par l’intermédiaire, en France, de la société Bisico.

L’instrument, qui possède deux extrémités travaillantes, est dispo­nible en deux formes : avec un manche droit et coudé à 90° ou deux extrémités coudées à 45°. Le premier est conçu pour les dents antérieures, le second pour les obturations postérieures. Chacun d’eux est vendu dans un ­sachet hermétique en plastique métallisé, accompagné de 5 embouts de silicone bleu vert de formes différentes.

Jolie fabrication

Le manche en acier est de belle facture, d’un diamètre assez large pour une prise en main très confortable, avec une surface guillochée comme celle des curettes de parodontie. Les extrémités du manche présentent une fine section rectangulaire dans lesquelles viennent s’insérer les embouts siliconés. Conique et cylindriques à bout plat ou tronqué sont les formes proposées. J’ignore si ces dernières ont été spécialement conçues pour l’usage dentaire car on peut trouver dans le commerce exactement les mêmes pour d’autres utilisations, comme le travail de la peinture acrylique ou le modelage des résines pour les ongles. Le silicone a l’avantage de ne pas – trop – coller au composite, il est moins dur qu’un instrument métallique, il permet de lisser les surfaces du matériau avant la photopolymérisation. Naturellement, il est réutilisable et stérilisable en autoclave.

Usage limité

En situation de travail, ces outils ne m’ont pas vraiment convaincu. La seule chose que j’ai trouvée intéressante, c’est la possibilité de tasser le composite dans une cavité profonde et de le plaquer contre les parois, un peu comme avec un fouloir. La douceur du silicone est plus efficace et plus agréable que le métal pour repousser la pâte dans les recoins de la cavité. L’outil s’emploie en tapotant le composite pour le modeler plutôt qu’en raclant sa surface comme on le fait pour sculpter un amalgame. Ici, il faut agir en douceur, toute soustraction de matériau étant pratiquement impossible. Hormis la forme conique, je n’ai pas très bien saisi l’intérêt des autres profils. Ces embouts m’ont paru bien trop longs et beaucoup trop souples pour constituer une aide utile au quotidien. Peut-être intéressants lors du façonnage de grandes surfaces vestibulaires antérieures, ils trouvent difficilement leur place au niveau d’une face occlusale de molaire ou de prémolaire étant donné leur grande taille. Même si le concept semble intéressant, la réalisation, quoique d’excellente qualité, n’est pas à la hauteur des ambitions poursuivies. Cela ne serait pas bien grave si ces instruments étaient très bon marché : nous sommes habitués, depuis des décennies, à encombrer nos tiroirs de gadgets proclamés indispensables par les leaders d’opinion lors des conférences ou dans la presse spécialisée. Mais ici, le prix de ces instruments est fort élevé, comparé à celui autrement plus modique des mêmes pinceaux, certes non stérilisables et au manche tout droit, vendus pour le grand public, avec exactement les mêmes formes d’embouts.