La croix et le bonheur

La société américaine Ultradent commercialise depuis plusieurs années un composite d’avant-dernière génération, mais qui ne démérite pas pour autant. L’Amelogen Plus est un microhybride contenant 76 % en masse (61 % en volume) de microparticules de 0,7 µm. Ses propriétés de manipulation sont en rapport avec cette composition particulière. Plutôt ferme au sortir de la ­seringue, il accuse un caractère fortement thixotrope : il suffit de le tapoter légèrement pour le fluidifier. Cette viscosité, plutôt élevée au départ, le rend assez délicat à manipuler dans les cavités très étroites. Mieux vaut y placer un peu de composite fluide pour commencer. Ensuite, c’est un ­régal car il ne colle pas du tout aux instruments, se modèle parfaitement et reste en place en conservant son volume.

Des seringues uniques

L’Amelogen Plus n’est pas un énième composite bas de gamme passe-partout. Il a été étudié pour fournir le meilleur rendu esthétique, qu’il s’agisse de restaurations antérieures ou postérieures. Le matériau est disponible en seringues à vis ou en capsules. Sur les molaires, je trouve plus confortable d’utiliser des capsules. Celles proposées ici sont de bonne capacité – 0,3 g – mais leur buse, plus large que la moyenne, n’est pas très pratique. Au niveau antérieur, en revanche, les seringues à vis sont une solution idéale car on utilise à chaque fois de petites quantités de produit de plusieurs teintes différentes. Celles de chez Ultradent présentent une particularité unique : leur ouverture est munie d’une grille en croix séparant le matériau en 4 quartiers. Prélever une toute petite lichette de pâte avec l’extrémité d’une spatule devient un jeu d’enfant. L’éventail des teintes disponibles est très large : 7 teintes dentine et 7 teintes émail ou translucides. Les serin­gues de 2,5 g sont noires avec des inscriptions argentées difficiles à distinguer d’une seringue à l’autre.

Une dentine très opaque

Heureusement, les teintes sont également imprimées sur le dessus du piston. Pour les voir claire­ment, il faut placer l’ensemble sur un support vertical, bien pratique mais un peu encombrant. À la différence d’autres produits concurrents, les teintes de corps sont extrêmement opaques. Pour des restaurations réussies, elles sont presque impossibles à utiliser seules, même en postérieur. En revanche, l’Amelogen Plus est le matériau rêvé pour combler les puits des couronnes en céramique transvissées sur implants car il masque parfaitement le ­métal alentour. Les teintes émail à dominante orange, grise ou blanche sont au contraire très translucides. Aussi, même si la correspondance avec le teintier Vita est parfaite, le mariage réussi des différentes nuances nécessite une certaine expérience. Le mode­lage et la mise en forme se révèlent tout à fait convaincants : pas la moindre bulle noyée dans le matériau lors de son étalement à la spatule. Si l’on rajoute à cela un prix particulièrement compétitif, on peut dire que ce produit plutôt discret n’a pas à rougir de la comparaison avec ses concurrents de marques internationales plus connues.