Clinic n° 02 du 01/02/2014

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Louis-Charles Simone  

(Annemasse - 74)

C’est pour mieux soigner ses patients que Louis-Charles Simone décide, en 1990, de suivre une formation en implantologie. Retour sur 20 ans d’expérience…

Une formation Brånemark et deux années ont été nécessaires avant de mettre en pratique cette discipline, un temps indispensable pour organiser une salle qui lui soit réservée répondant aux strictes normes suédoises de l’époque. J’ai commencé par traiter mes propres cas. Certains confrères ont ensuite collaboré avec moi pour traiter leurs propres patients. Actuellement, les chirurgies implantaires sont programmées tous les matins, laissant place à l’omnipratique le reste du temps.

RECONSTRUIRE DE A À Z

Omnipraticien convaincu et parodontiste pratiquant, ma motivation est de pouvoir offrir une prise en charge globale à mes patients. L’implantologie est pour moi une discipline comme une autre, faisant partie de la dentisterie au même titre que l’endodontie ou la dentisterie restauratrice.

SUIVI DANS LE TEMPS

Quand nous choisissons d’exercer la discipline implantaire, nous devons obtenir nécessairement l’ostéo-intégration de nos implants mais aussi la réussite fonctionnelle à long terme de nos constructions prothétiques. Elle dépend de nombreux facteurs et, surtout, d’une bonne maintenance. Immédiatement après la pose de leurs prothèses implantoportées, nos patients sont contrôlés pendant les 2 premiers mois, puis, lorsqu’ils suivent les règles d’hygiène prescrites, les délais des visites sont rallongés progressivement.

COMPLICATIONS…

Sur les bridges d’usage implantoportés vissés céramo-métalliques de faible portée, je n’ai quasiment jamais de fractures cosmétiques. Et si cela arrivait, la réparation est aisée. Dans les cas concernant les édentés totaux mis en charge le jour de la pose des implants sur des bridges complets provisoires « tout résine » vissés, mon étude rétrospective montre que 1 patient sur 4 présente une fracture à gérer en urgence au cours des 6 premiers mois. Dans les 6 ans suivants la pose des bridges d’usage, tous réalisés sur des poutres en titane usinées supportant des dents en résine, 1 bridge sur 4 revient en urgence avec un problème de fracture cosmétique. Les édentés totaux traités en implantologie n’ont aucune proprioception et augmentent progressivement leur coefficient masticatoire jusqu’à dépasser le seuil de résistance des matériaux cosmétiques entrant dans la composition de ces bridges. Ces complications sont cependant aisément gérables.

… LIÉES AUX INNOVATIONS

L’augmentation du coût des métaux précieux nous oriente vers l’utilisation de nouveaux matériaux comme la zircone. Avec elle, il semble que la gestion des inévitables complications ne soit pas facile. Nous devons pourtant assumer au plus près les conséquences de nos choix prothétiques ainsi que l’obsolescence programmée ou non des composants proposés par l’industrie, et c’est pour cette raison que je n’ai toujours pas fait le choix du « tout céramique » en prothèse implantaire.

J’ai très peu de cas de péri-implantite et, avant le début des années 2000, je ne connaissais pas ce problème. Pour moi, la donne a changé avec l’utilisation d’implants rugueux puisque je n’avais pas ces échecs avec les implants lisses.

Bien que les innovations modèlent notre exercice, j’ai appris à ne les adopter qu’avec prudence et avec l’aval des résultats des analyses scientifiques nécessaires à leur utilisation clinique. J’essaie depuis toujours de pratiquer une dentisterie fondée sur la preuve. Ce sont nos formations qui modèlent nos compétences mais seul notre épanouissement clinique nous permet de pouvoir lutter contre l’obsolescence programmée de nos connaissances.