Clinic n° 01 du 01/01/2014

 

DÉVELOPPEMENT DURABLE

ACTU

ACD  

Un an après la diffusion de la charte de développement durable auprès de chaque chirurgien-dentiste, la profession s’est-elle saisie de cette question ? Pour Julien Laupie, secrétaire général adjoint de l’ADF, le mouvement est bien lancé.

Quel bilan faites-vous de cette année ?

La fréquentation du Carrefour lors du congrès 2013 montre que le développement durable suscite de l’intérêt. Les chirurgiens-dentistes sont sensibilisés et veulent s’informer. L’ADF a commencé par mener une phase d’analyse. Nous allons entrer dans une phase pratique de formation, de conseil et d’accompagnement. Un guide de développement durable est en préparation, une séance est prévue dans le programme de l’ADF en 2014 et des éléments de formation (diaporama, fiche pratique…) seront accessibles sur le site Internet.

Comment résoudre le problème des jetables dans le cabinet dentaire ?

La question est de savoir comment concilier l’usage unique, la sécurité sanitaire et la pratique responsable. Nous devons être accompagnés pour la traiter. Une convention tripartite sera signée prochainement entre l’ADF, le ministère de la Santé et le ministère du Développement durable pour mettre en avant ces problématiques de responsabilité sociale des entreprises.

Notre objectif est que la dimension environnementale soit désormais prise en compte dans les réunions de travail qui traitent notamment de questions d’hygiène et d’asepsie. Cela ne veut pas dire que nous abandonnerons l’usage unique. Mais lorsqu’une norme sera établie, on regardera si on ne peut pas « faire mieux » en termes d’environnement. Cette convention va faire bouger les lignes et permettra aussi de faire participer l’industrie (achat, transport des commandes, recyclage…). Nous avons besoin d’un engagement de toute la filière dans cette démarche.

Quelles solutions les plus immédiates le chirurgien-dentiste peut-il prendre dans son cabinet ?

Il peut déjà y transposer des réflexes qu’il a dans sa vie privée concernant la mise en veille des appareils, l’utilisation d’ampoules basse tension, un chauffage raisonnable, une consommation d’eau juste… Autant d’éléments qui peuvent faire baisser la facture et le coût énergétique. Sur un plan plus professionnel, il peut utiliser des produits biodégradables que l’on voit apparaître sur le marché. En France, nous avons des pratiques très spécifiques par rapport à d’autres pays européens. Nous sommes par exemple les premiers consommateurs de plateaux jetables alors qu’un plateau stérilisable avec une feuille de crêpe et un compartiment métallique pourrait être une solution. Les Américains essaient de remplacer les gobelets jetables par des tasses en verre. Ils ont analysé qu’il était préférable d’utiliser de l’eau et de l’électricité pour laver les verres plutôt que de fabriquer, transporter et recycler des gobelets en plastique…

Le praticien peut aussi diffuser des messages auprès de ses patients : se laver les dents deux fois par jour mais sans laisser couler l’eau épargne 50 verres d’eau potable, utiliser les transports en commun… Le développement durable a pour particularité d’être le résultat de petits gestes. Multipliés par le nombre de patients et de praticiens, ils peuvent avoir un impact énorme.

Avant de faire ses achats pour le cabinet, le praticien doit-il avoir quelques repères ?

Il faut être pragmatique. L’industrie a encore du travail pour valoriser sa démarche, le lieu de fabrication, le mode de transport, le recyclage… avant de proposer une offre « écoresponsable ». Mais notre filière est en avance dans des domaines comme la gestion des déchets dangereux, le séparateur d’amalgame, les déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI). Ce sont des pratiques « écoresponsables » naturelles pour nous.

Notre profession de santé est la première à se charger du dossier du développement durable et à avoir une démarche responsable, autonome et forte en prenant des engagements chiffrés d’amélioration qui seront inscrits dans la convention. C’est une façon de valoriser la profession vis-à-vis de l’extérieur et de montrer qu’elle vit au cœur de la société, bien consciente des défis de demain. ?

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Les chirurgiens-dentistes estiment, à 86,7 %, que le développement durable et la sécurité des soins sont compatibles, révèle un sondage de l’ADF réalisé en septembre et octobre derniers et auquel 503 praticiens ont répondu. Les chirurgiens-dentistes donnent 3 pistes dans ce domaine : pratiquer une bonne gestion des matériaux et des stocks afin de bien gérer les déchets ; remettre en cause le tout usage unique au profit de la stérilisation ; enfin, élargir les plans de soins pour faire davantage d’actes et utiliser moins de plateaux chirurgicaux.