Petites souris

Avec la rotation continue et le nickel-titane, les fabricants d’instruments endodontiques nous ont offert un cadeau inestimable : des limes très souples de forte conicité. De quoi réaliser presque sans effort et en toute sécurité des préparations canalaires au profil idéal en un minimum de temps. Tous nous proposent ainsi des instruments de 20, 25, 30/100^e ou plus à la pointe, en conicité 0,4 et 0,6. Reste que du côté des petits numéros, un problème subsiste encore. Le nickel-titane n’est pas si répandu dans les faibles diamètres, les limes rotatives très fines étant souvent trop fragiles ou facilement déformables. En présence de canaux relativement étroits, l’approche à la lime K manuelle en acier reste souvent nécessaire pour explorer le canal.

Dorées sur tranche

La société Komet nous propose depuis plusieurs années un riche éventail d’instruments rotatifs à section en forme de losange rappelant le cerf-volant qui lui a donné leur nom : les AlphaKite. Ces limes se reconnaissent du premier coup d’œil : leur partie travaillante n’est pas grise comme le nickel-titane de base mais dorée au nitrure de titane pour une meilleure résistance à l’usure. D’une qualité de fabrication exceptionnelle, elles semblent, de fait, dotées d’une solidité exemplaire. Certes, on arrive toujours à en casser une si l’on force sans précaution en direction apicale lorsqu’un minimum de prudence s’impose. Mais avec un peu d’expérience et des gestes modérés, elles se révèlent très satisfaisantes. Leur capacité de coupe n’est pas époustouflante, quoique de bon aloi. Si les modèles de forte conicité sont un tout petit peu raides dans les diamètres élevés, les limes les plus fines s’avèrent très utiles et pratiques pour se faufiler dans les canaux étroits et tortueux.

Fines et solides

Les nouvelles AlphaKite n° 15 de conicité 0,3 sont à cet égard une vraie révélation. Plus aptes à cathétériser les canaux très fins que celles de 20 en première intention, leur pointe lisse ne risque pas de créer de fausse route et pénètre aisément jusqu’à l’apex, pourvu que la lumière canalaire soit suffisamment perméable. Nettement plus rigides que les limes manuelles de même diamètre mais de conicité 0,2 qui se plient facilement à la moindre sollicitation axiale, celles-ci conservent leur bonne tenue en rotation, assurant le plus souvent à elles seules l’exploration canalaire rapide sans se déformer de manière irréversible comme l’acier. Lorsque le canal est obstrué par des débris ou de la dentine réactionnelle, leur progression est certes plus difficile, voire impossible. Il n’empêche : ces excellents instruments, solides et surtout rassurants, convaincront certainement bien des praticiens réticents à l’usage exclusif des limes rotatives montées sur contre-angle, technique pourtant bien plus confortable, surtout au niveau des molaires, que celle consistant à tenir un instrument manuel tant bien que mal du bout des doigts.