Vite et sans effort

J’exerce un métier de plus en plus difficile. Chirurgien-Dentiste ? Pensez-vous ! Une fois les devis acceptés et signés, le reste n’est qu’une formalité. Non, je veux parler de journaliste critique de produits. Vous n’avez pas remarqué cette tendance qu’ils ont tous à se ressembler ? Prenez les composites de collage autoadhésifs et automordançants. Quand le premier d’entre eux est sorti, ce fut une vraie révolution. Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et, preuve que l’idée était bonne, presque tous les fabricants proposent le leur aujourd’hui. Les indications de ces matériaux sont les mêmes dans toutes les marques : le scellement adhésif de pièces prothétiques qui n’exigent pas un collage de haute performance.

Un matériau bien pratique

À base de résine chargée, ces matériaux assurent une bien meilleure fixation qu’un ciment conventionnel, présentent une résistance mécanique supérieure - ils ne s’effritent ni ne se fracturent sous la contrainte - et sont peu solubles dans les fluides buccaux. Mais ils sont insuffisamment adhésifs pour les prothèses sans rétention mécanique comme les onlays ou les facettes. Ils conviennent donc parfaitement à l’assemblage de tenons, inlay-cores, couronnes, bridges à infrastructure métallique ou bien céramique sous certaines conditions. Depuis quelque temps, de plus en plus de prothésistes proposent des éléments en céramique sur zircone, une solution de remplacement plus esthétique des prothèses sur métal et sans risque de corrosion. Ce matériau, qui ne se mordance pas, peut également bénéficier du collage aux substrats dentaires à l’aide de ces nouveaux composites automordançants, depuis que les fabricants y ont incorporé des primers d’adhésion. Il n’est donc plus nécessaire d’appliquer un produit spécifique dans l’intrados des prothèses avant d’y placer le matériau d’assemblage.

Pour les cas les plus simples

Le SpeedCEM® Plus de la société Ivoclar Vivadent répond exactement à ces indications. Le fabricant du Liechtenstein, spécialiste des matériaux esthétiques de toutes sortes, précise bien dans ses brochures les indications et limites d’utilisation de ses trois produits de collage que sont le SpeedCEM®, le Multilink® et le Variolink®. Comme ses homologues, le SpeedCEM® Plus est à prise duale : il se présente sous forme d’une petite seringue double corps sur laquelle on fixe un embout mélangeur. Celui-ci peut être pointu pour remplir les prothèses ou muni d’une extrémité coudée pour l’injection sur les préparations ou à l’intérieur des canaux. L’échantillon que j’ai reçu était de teinte translucide. Que dire de sa consistance ? Rien d’original car c’est la même que celle de tous les produits de sa catégorie. Plutôt souple en fait, qui se fige en 3-4 minutes ou bien plus vite sous le faisceau de la lampe à polymériser. Comme beaucoup d’autres, un produit totalement sans histoire pourvu qu’on respecte les indications et le protocole, par ailleurs d’une simplicité enfantine. Vous vous demandez quelles sont ses performances et s’il colle mieux que ses concurrents ? Il suffit de lire le document de 40 pages qui l’accompagne pour se convaincre que même si les valeurs d’adhésion à la dentine ne dépassent pas 12 MPa, elles se placent dans la fourchette haute des produits de sa catégorie. L’ensemble des tableaux, trop nombreux et détaillés pour une lecture fluide et instructive, tend à démontrer que le SpeedCEM® Plus est supérieur à ses homologues les plus directs sur bien des points. Ce qu’il y a de curieux, c’est que la brochure d’un produit concurrent d’une autre marque, sorti au même moment, fait état de résultats prouvant au contraire que c’est lui le meilleur. Je vous dis que j’ai un métier difficile !