Maillon faible

J’ai découvert le système HyFlex™ à sa sortie en 2011. Ces limes en nickel-titane à mémoire de forme présentent des caractéristiques mécaniques étonnantes : elles suivent avec une virtuosité incomparable les moindres courbures canalaires et possèdent une résistance à la rupture stupéfiante. Mais la série CM ne répond pas vraiment aux préceptes enseignés dans les facultés françaises. Chez nous, c’est la technique de Schilder qui prévaut. En d’autres termes, des préparations fortement coniques pour une obturation à la gutta chaude. La collaboration récente de la société française Néolix avec le géant Coltène a permis la sortie d’une nouvelle gamme d’instruments fabriqués dans le même métal mais usinés par électroérosion : la série EDM, constituée de trois limes. Une première, courte et de forte conicité pour l’évasement de l’entrée des canaux, la dernière identique à la A1 de 25/100^e de millimètre et grande conicité à la pointe, et une lime intermédiaire de 10/100^e de millimètre avec une conicité de 5 %. Ayant déjà testé les deux précédentes, c’est cette dernière que j’ai voulu essayer ici.

Attention, fragile !

L’instrument est exactement de la même facture que les deux autres. Il est vendu sous blister stérile de 3 unités. La présentation est luxueuse, avec un stop de couleur bleue et une bague violette sur le manche doré. Le profil des lames de coupe est assez difficile à déterminer. L’instrument ressemble à une broche avec des spires assez espacées, mais on observe une alternance d’arêtes plus aiguës et de zones étroites révélant une section probablement rectangulaire comme sur la lime n° 25. L’alliage un peu mou donne une lime particulièrement agile dans les canaux étroits et tortueux. Elle pénètre plutôt bien lorsque la lumière canalaire est accessible mais, dans les reprises de traitement ou en présence de calcifications, mieux vaut éviter l’affrontement : la fracture, quasi impossible avec les autres instruments de la série, est ici bien réelle et inopinée. Il est vrai qu’à ces petits diamètres, la fragilité de l’alliage se fait sentir si l’on appuie un peu trop fort en direction apicale.

Une séquence discutable

La séquence de préparation préconisée par le fabricant fait intervenir, si nécessaire, une lime manuelle d’exploration entre l’Orifice Opener (25/0.12) et cette n° 10/0.5 EDM, avant de passer à l’HyFlex™ EDM One File de 25/100^e. Si l’écart est trop grand entre ces deux derniers instruments, on peut utiliser l’HyFlex™ CM 20/0.4. D’après mon expérience, je ne trouve pas cette séquence optimale. J’ai toujours estimé l’Opener trop conique pour pénétrer suffisamment loin dans le canal en première intention. Je lui préfère la HyFlex™ CM 25/0.8, beaucoup mieux adaptée. Dans ces conditions et dans la majorité des cas, il est inutile de travailler avec une lime aussi fine que 10/100e à la pointe, même avec une conicité de 5 %. La plupart du temps, on peut passer directement à une lime n° 20 mais de 2 % de conicité. Les instruments en nickel-titane conventionnels, même s’il leur arrive de se déformer de manière irréversible, sont plus performants pour se frayer un chemin jusqu’au foramen apical, y compris dans les canaux légèrement calcifiés. La quantité de dentine à éliminer ensuite avec l’HyFlex™ One File sera alors beaucoup plus faible. La préparation s’effectuera dans un temps assez court, sans que cette dernière lime force trop. Le choix de Coltène ne me paraît donc pas des plus judicieux, d’autant que la fragilité relative de la 10/0.5 constitue un réel inconvénient.