La vie en rose

C’est une publicité fort bien faite qui m’a conduit à commander ce nouveau produit : le premier composite de collage autoadhésif et automordançant dont la prise est contrôlée par un changement de teinte. Rose après le mélange, il prend sa couleur finale une fois complètement polymérisé. De quoi retirer les excès au bon moment, sans en laisser dans des recoins difficiles d’accès, entre deux dents ou sous une couronne implanto-portée avec les risques que l’on connaît. Ce Chroma fait partie de la troisième génération au moins, de Maxcem. Contrairement à ses concurrents, le produit se présente en petites seringues à compartiments asymétriques, qui imposent des embouts mélangeurs spécifiques à spirale interne orangée. Le matériau est disponible en trois teintes : transparent, blanc ou jaune. C’est cette dernière que j’ai choisie.

Des embouts un peu longs

Selon le fabricant, la résistance au cisaillement du Maxcem Elite™ Chroma avoisine les 25 MPa à la dentine et à peine un peu moins à l’émail non mordancé. Ces valeurs anormalement élevées suscitent quelques interrogations sur la méthode de mesure employée. Le coffret de réassort contient 2 seringues de 5 grammes chacune, 8 embouts mélangeurs pointus et 8 embouts mélangeurs à bout plat + 8 embouts intra-oraux. Comme toujours chez Kerr, les embouts sont nettement plus longs que ceux des autres marques, ce qui favorise beaucoup le gaspillage. Autre détail décevant, les embouts intra-oraux fournis sont les plus larges qui existent, et non des embouts intracanalaires très fins, bien utiles pour le collage des tenons. Passons maintenant aux travaux pratiques : la minuscule seringue est parfaitement maniable et très confortable. L’extrusion du mélange s’effectue sans problème.

Rose oui, mais si peu

Le mélange est fluide, onctueux… mais pas vraiment rose. Enfin si, lorsqu’on en dépose une goutte sur un bloc de spatulation. Parce qu’en bouche, la couleur ne saute pas aux yeux. Un rose un peu pâlot, pas très intense, qui tire sur le crème étant donné la teinte jaune clair assez opaque du produit fini, qui apparaît progressivement au bout de 2 ou 3 minutes. Dans l’attente, la résine durcit sans problème d’elle-même et ce qui déborde s’élimine facilement d’un seul tenant comme indiqué sur la notice. En toute franchise, je n’ai jamais trouvé que le retrait des excès était difficile avec ces matériaux, sauf lorsqu’ils sont translucides, ce qui est loin d’être le cas ici. C’est plutôt leur consistance, si elle est un peu fluide, et le fait que le produit s’étale en surface qui peuvent poser problème. Une photopolymérisation rapide fige suffisamment la résine dans la plupart des cas. Ici, aucune difficulté de quelque nature que ce soit, avec ou sans changement de teinte : il suffit de mettre en marche la minuterie sur 4 minutes et tout se passe normalement. Je ne m’aventurerais pas à formuler un quelconque avis sur les performances intrinsèques de ce composite, qui semble tout à fait satisfaisant. Il adhère aussi bien à la dent qu’à la céramique, à la zircone, au composite, à l’or, au métal non précieux et au titane. Quant à se laisser séduire par l’argument du passage du rose au blanc…