Le mariage du siècle

Je n’ai jamais été un grand fan des ProTaper. Je les ai toujours trouvés trop raides, avec une propension à se fracturer sans crier gare pour peu qu’on les malmène outre mesure. Mais je leur reconnais une qualité exceptionnelle : un profil idéal pour des préparations parfaites et des obturations de grande qualité. Les nouveaux ProTaper Gold™ reprennent à peu près toutes les caractéristiques des ProTaper Universal™ mais avec un changement notable : l’utilisation d’un métal différent, un nickel-titane qui a subi un traitement thermique qui lui confère des propriétés mécaniques se rapprochant de celles des alliages à mémoire de forme.

Un alliage étonnant

Lorsque j’ai visité, en février 2011, le Midwinter de Chicago où étaient pour la première fois présentés des instruments confectionnés dans ce métal au comportement étrange, je ne me doutais pas que celui-ci constituerait la révolution endodontique de la prochaine décennie. J’ai été rapidement conquis par l’étonnante faculté des instruments en nickel-titane non élastique à suivre toutes les sinuosités des canaux et, surtout, par leur résistance à la rupture incomparable. Dentsply Maillefer est resté longtemps insensible à ces arguments, mais la sortie récente du Wave.One® Gold a prouvé qu’il avait enfin compris tout l’intérêt de ces alliages. Même si le métal est un peu différent de celui des autres marques, il n’a plus rien à voir avec le nickel-titane traditionnel. Celui des ProTaper Gold™ n’est plus gris mais jaune foncé. Les marques sur le manche sont blanches au lieu de noires. Le profil des lames reste inchangé, mais j’ai cru deviner, sur les limes de finition, une spire de plus près du manche qui les rend sans doute un peu moins raides. Dernier point enfin, le manche est plus court de 2 mm (11 au lieu de 13), ce qui est appréciable dans les secteurs postérieurs.

Plus doux et moins fragiles

À l’usage, le comportement est tout différent : on retrouve la même sensation d’onctuosité qu’avec les autres limes à mémoire de forme. Le contact est doux quoique très efficace, progressif et sans accroc. Les FX au profil de tour Eiffel, considérés souvent très fragiles et d’un usage délicat, se révèlent indestructibles et d’une efficacité redoutable en début de préparation. Avantage non négligeable par rapport à la concurrence, ils ne se détordent pas et conservent leurs spires même sous une légère contrainte. Les instruments suivants sont tout aussi confortables, jusqu’à F3 qui agit d’une manière extrêmement rassurante. Si la dentine est tendre et que les canaux sont déjà assez larges, il est souvent possible de sauter un instrument sur deux, sans passer par la série complète des 6 limes. Étant donné leur grande résistance, on peut être tenté de les utiliser un grand nombre de fois, au-delà du raisonnable. Car, revers de la médaille, c’est que ce métal, s’il ne casse pas, finit par s’émousser à la longue. Pas évident d’évaluer le nombre de préparations possibles pour une efficacité maximale. Au final, ce mariage entre la conicité variable et l’usage de l’alliage à mémoire de forme est certainement l’un des plus réussis de ces dernières années. Difficile de trouver des défauts à ce nouveau système, si ce n’est une efficacité de coupe peut-être un peu inférieure à celle d’autres instruments de conception plus récente, et un comportement qui fait plus sourire que pester : les limes n’étant plus du tout raides, leur pointe fouette légèrement en rotation ce qui, parfois, retarde leur introduction dans le canal.