Clinic n° 06 du 01/06/2016

 

L’événement

Anne-Chantal de Divonne  

« J’avais vu plusieurs dentistes. Les devis étaient pharaoniques. La seule solution, c’était de se faire soigner à l’étranger… ou chez Dentexia. J’ai choisi de rester en France car je pensais avoir des garanties. » François a payé 9 000 euros à Dentexia, pour des travaux à moitié et mal réalisés. Des histoires comme la sienne, il ne se passe plus une semaine depuis trois mois sans qu’un reportage nous les rapporte. Avec toujours plus ou moins le même...


« J’avais vu plusieurs dentistes. Les devis étaient pharaoniques. La seule solution, c’était de se faire soigner à l’étranger… ou chez Dentexia. J’ai choisi de rester en France car je pensais avoir des garanties. » François a payé 9 000 euros à Dentexia, pour des travaux à moitié et mal réalisés. Des histoires comme la sienne, il ne se passe plus une semaine depuis trois mois sans qu’un reportage nous les rapporte. Avec toujours plus ou moins le même cocktail, des devis réglés avant la réalisation des travaux, un endettement, des rendez-vous repoussés en permanence, des travaux non faits, des implants mal posés… et, en fin de compte, des drames. Mais en lisant un de ces multiples témoignages, je me suis arrêtée sur le choix de François relaté dans L’Humanité. Il y aurait tant à dire ! François pensait pouvoir bénéficier des « garanties » du système français. Il avait tout simplement confiance dans notre système de soins. Confiance dans le fait qu’il pourrait s’appuyer sur un cadre réglementé. Ce cadre est aujourd’hui mis à mal et on en observe les conséquences. Comment en est-on arrivé là ? Comment la loi Bachelot de 2009 a-t-elle pu ouvrir une autoroute à ce type de structure de soins ? Pourquoi suffit-il d’une simple déclaration pour ouvrir un centre alors qu’auparavant, une autorisation était nécessaire ? Pourquoi les agences régionales de santé n’auraient-elles pas la possibilité de vérifier la façon dont ce type de structure fonctionne et si elle respecte bien les obligations des centres de santé ? Et pourquoi, malgré les alertes répétées de l’Ordre depuis cinq ans, malgré les nombreuses fenêtres législatives et notamment la dernière loi de santé, cette faille réglementaire n’a jamais été comblée ? On nous dit que les inspecteurs des Affaires sociales sont sur le sujet, qu’ils étudient comment permettre la poursuite des soins de ceux qui se qualifient maintenant de « sans dents » et qu’ils cherchent comment éviter à l’avenir la création de structures mettant en péril la qualité et la sécurité des soins. Messieurs les inspecteurs, faites vite ! On attend !