Clinic n° 06 du 01/06/2016

 

Qu’en dites-vous ?

Vingt-trois nouveaux présidents ordinaux ont été élus lors des dernières élections départementales marquées par un rajeunissement et une féminisation de la fonction. Qui sont ces responsables ordinaux ? Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Quels sont leurs projets ? Clinic est allé à la rencontre de six d’entre eux.

ENTRETENIR LA CONFRATERNITÉ

Je me suis investie au Conseil de l’Ordre depuis l’âge de 30 ans. Devenue vice-présidente il y a 6 ans, je viens d’être élue présidente à 48 ans. C’est un peu tôt peut-être, je suis en activité à temps complet dans un département sous-doté et avec des enfants encore étudiants. Mais après plusieurs mandats, l’ancien président voulait passer la main. J’ai donc pris cet engagement sachant que la fonction de président est très prenante et bénévole, je tiens à le rappeler. Servir la profession, aider les confrères et faire en sorte qu’ils respectent le Code de déontologie me tient à cœur. Et puis, dans notre métier comme dans d’autres, il n’est pas bon de s’isoler. S’investir dans l’Ordre, dans un syndicat ou dans un organisme de formation continue est aussi une façon de s’ouvrir aux autres. Dans notre petit département – 133 chirurgiens-dentistes en activité, 22 retraités – il y a une bonne entente que nous cherchons à entretenir en accueillant les nouveaux et en organisant des réunions de secteurs qui rassemblent chaque fois une quarantaine de confrères. Nous avons recruté 7 nouveaux conseillers lors des dernières élections ordinales, dont 3 sont devenus directement titulaires à la suite du départ de nombreux anciens. Comme nous sommes quasiment tous en activité, nous tenons à ce que chacun participe activement dans les commissions. Pour autant, le Conseil de l’Ordre occupe quasiment toutes mes soirées maintenant. Mon enthousiasme ne faiblit pas. C’est passionnant.

LA PARTIE CONCILIATION PROGRESSE

J’exerce des fonctions ordinales depuis bien longtemps ! Les dernières élections ont été marquées par l’arrivée de nouvelles recrues qui ont rajeuni le Conseil et l’ont féminisé. Après 2 mandats, le précédent président souhaitait laisser sa place car la charge est relativement lourde. À la retraite depuis peu, je me suis proposé car j’étais un peu disponible et j’ai été élu. La partie conciliation représente une part importante de notre action et les plaintes ont tendance à augmenter. Nous en recevons 1 ou 2 par semaine, dont certaines aboutissent à une conciliation. En 2015, sur 14 tentatives de conciliation, 9 affaires ont été réglées par conciliation, 2 ont été en carence du fait de l’absence d’une des parties et 3 n’ont pas pu être réglées par conciliation. La démographie du département ne pose pas de problème. Sur les 425 inscrits au tableau, nous avons enregistré pas mal d’installations de diplômés de Bordeaux et de Nantes mais aussi d’étrangers en provenance de Roumanie, d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre, d’Écosse et d’Allemagne. Tous ont cependant tendance à s’installer sur le littoral et à La Rochelle.

DÉLÉGUER DES TÂCHES

Conseiller ordinal depuis 6 ans et actuellement en activité, j’ai accepté de me présenter à la présidence de l’Ordre départemental à condition d’être vraiment aidée dans cette fonction par les autres membres du Conseil, car je ne peux pas y consacrer autant de temps que mon prédécesseur qui était à la retraite. Nous essayons de nous répartir les tâches et de donner à chaque membre des missions. Au quotidien, notre rôle est surtout de gérer les dossiers de plaintes, les inscriptions, les nouveaux contrats, les nouvelles sociétés et les centres qui se créent. Car certains centres ouvrent sans que nous soyons au courant. Ce ne sont pas forcément des centres low cost comme à Paris. Mais nous devons les surveiller. La désertification dans le sud du département pose par ailleurs un vrai problème. Mais il est bien difficile de faire venir de nouveaux chirurgiens-dentistes !

HARMONISER LES CRITÈRES DE RECRUTEMENT

Ayant quitté mon exercice, j’avais quelques disponibilités et je voulais donner un peu de temps à la confraternité. Notre département compte 246 praticiens en exercice pour 306 inscrits. Pendant mon mandat, j’aimerais mettre en place des modalités cohérentes de recrutement des diplômés étrangers entre les différents départements de la région. Les demandes d’étrangers sont encore peu nombreuses en Côte-d’Or, mais elles sont régulières et récurrentes. Je souhaite aussi trouver des solutions au niveau ordinal pour la conservation des informations numériques pendant la durée légale de 30 ans. Aujourd’hui, le départ à la retraite de certains confrères pose un problème quand les logiciels d’exploitation des fichiers ne sont plus utilisés.

FAIRE CONNAÎTRE LE RÔLE DE L’ORDRE

Nous sommes un petit département de 140 inscrits, peu nombreux à s’impliquer dans la vie professionnelle. Avec 112 votants, la participation aux dernières élections a été plus importante que d’habitude. Sans doute parce que l’ancien président ne se représentant pas après 17 ans en poste, il y avait plus d’enjeu.

Je pense qu’un gros travail de communication est à faire auprès des confrères. Les ordinaux passent pour des « empêcheurs ». Les confrères se laissent souvent guidés par des professionnels du droit ou du commerce pour monter des sociétés ou embaucher sans se renseigner d’abord auprès de l’Ordre. Quand tout est fait, ils viennent nous voir et on leur dit que cela ne cadre pas avec le Code de déontologie ! Les jeunes s’inscrivent par obligation mais ne se rendent pas compte du travail effectué. Je serais partisan de rendre obligatoire, au cours d’une carrière, le fait d’être conseiller ordinal. Pour ma part, je suis entré à l’Ordre par souci de légitimité, car j’avais envie de critiquer quand cela n’allait pas. Cela m’a permis de voir la profession sous un autre angle et de beaucoup apprendre.

Nous essayons d’organiser une réunion annuelle sympathique avec tous les confrères et des conseillers nationaux mais nous ne nous retrouvons qu’à une soixantaine.

Notre bureau est composé d’actifs, sauf un retraité depuis une petite année, et de trois femmes. Nous sommes bénévoles à 100 %. Le précédent président qui était à la retraite s’investissait beaucoup dans sa fonction. Aujourd’hui, nous essayons de nous répartir les tâches. Cela me prend une grosse demi-journée par semaine.

Sur le plan démographique, nous venons d’inscrire notre 17e Roumain et l’inscription d’un Libanais diplômé en Hongrie est en cours. Nous avons peu d’installations de diplômés français.

Notre cadre de décision, notamment pour la maîtrise de la langue, n’est pas très clair. Pour éviter les déboires que nous avons eus avec un étranger, nous avons décidé de demander l’attestation du diplôme de langue française niveau 2.

UNE ÉQUIPE RAJEUNIE ET EN ACTIVITÉ

Entrée à l’Ordre pour la première fois lors des dernières élections, j’ai été portée à la présidence du département de Paris. Je suis vice-présidente de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France depuis 2010, réélue en 2015. À la suite de ces élections régionales, nous avons décidé de présenter une liste pour les élections ordinales sous la bannière de la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL). C’est notre origine, mais il n’y a pas de connotation syndicale dans l’institution qui rassemble tous les chirurgiens-dentistes, conventionnés ou non, libéraux, salariés et retraités, soit 3 600 en tout.

Je prends actuellement connaissance de mes fonctions et de tous les dossiers en cours. C’est un travail énorme. Étant tous en activité, nous cherchons à nous répartir les tâches. Mais nous décidons de tout ensemble, dans la concertation. C’est un point important. Le fait que je suis la première femme élue présidente à l’Ordre de Paris marque aussi un grand changement car l’Ordre est un milieu d’hommes ! Mais j’apporte aussi une note différente parce que mon équipe est plus jeune. La moitié d’entre nous a moins de 40 ans et nous avons envie de moderniser l’institution. Nous allons par exemple créer un site Internet.

Pour les conciliations, mon élection ne changera rien. Avec mon prédécesseur, Michel Amoric, 80 % des plaintes trouvaient une solution en conciliation. C’est une bonne proportion. Les centres dentaires seront l’un des dossiers prioritaires. L’Ordre national s’occupe beaucoup de ce problème, en particulier de Dentexia. À notre échelle, nous devons vérifier le fonctionnement des nouveaux centres et les contrats qu’ils établissent avec leurs salariés. Nous avons aussi à mener un important travail de surveillance des réseaux sociaux et de vérification des sites Internet, des sites plus ou moins réguliers et qui font parfois plus de la publicité que de l’information.