Comment répondre aux demandes du collectif des anciens patients de Dentexia et aux interrogations des chirurgiens-dentistes qui reçoivent des patients qui veulent être soignés en urgence ou bénéficier d’un suivi de soins ?
La liquidation judiciaire de Dentexia a eu lieu le 4 mars dernier. Lors d’une manifestation du collectif contre Dentexia à Lyon le 10 mai, le fondateur de ce dernier, Abdel Aouacheria, se plaignait du fait que rien ne permettait d’assurer le dispositif de continuité des soins « promis » par la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Un dispositif se met lentement en place. Au début du mois de mai, les trois agences régionales de santé (ARS) concernées par la fermeture de centres Dentexia – Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté – ont chacune annoncé la mise en service d’un numéro vert pour les anciens patients des centres fermés, comme l’avait demandé le ministère. Il s’agit de recenser le nombre de patients, de les accompagner, de les écouter et de les informer. L’ARS Bourgogne-Franche-Comté précise sur son site Internet que les patients peuvent faire établir un certificat de situation bucco-dentaire dressant l’état des lésions en vue de la reprise des soins, examen qui serait entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. On explique aussi que les patients peuvent demander la copie de leur dossier médical et sont invités à se renseigner auprès du Conseil départemental de l’Ordre sur les différentes modalités d’accès à ces informations.
Pour « pallier l’urgence sanitaire, aider les milliers de patients laissés pour compte et soutenir les praticiens qui ne supportent pas cet état de fait », la CNSD a établi, à l’intention des praticiens, un canevas pratique et un formulaire d’aide au bilan clinique individuel et au relevé de constatations. Le syndicat a demandé aux ARS des trois régions concernées et à l’Assurance maladie de financer les bilans cliniques dont il a évalué le montant des honoraires à 75 euros, auxquels s’ajoutent les examens radiologiques et cliniques. Pour Catherine Mojaïsky, présidente de la CNSD, « l’idée est d’être capable de répondre à la situation en tant que praticien libéral mais en prenant le maximum de précautions pour marquer la limite des responsabilités ».
« Le certificat initial est une mauvaise réponse et ne sert à rien. On ne peut pas demander aux libéraux de faire des certificats initiaux comme on le fait dans le cas d’un accident sur la voie publique. Dans le cas présent, il s’agit de bouches ravagées avec des implants dont on ne connaît pas la qualité. Il faut une vraie expertise », estime Patrick Solera, président de la FSDL, qui préfère adresser les patients vers l’hôpital public.
Le ministère de la Santé a saisi l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) d’une mission sur les centres dentaires Dentexia. Les inspecteurs sont appelés à traiter les sujets liés à « la récupération et la conservation des dossiers médicaux », à la « poursuite des soins » et à « l’indemnisation des préjudices financiers et corporels ».
Mais leur mission ne se limite pas au cas de Dentexia. L’IGAS doit aussi examiner la situation des centres dentaires dits low cost pour éviter que ne se reproduise une telle situation qui met « en péril la qualité et la sécurité des soins et, selon les cas, provoque un préjudice financier aux patients ».
Un premier point d’étape est attendu pour le début du mois de juin avant la remise du rapport définitif le 31 juillet.