Clinic n° 05 du 01/05/2016

 

Qu’en dites-vous ?

Curieusement, les patients ont très peu évoqué la fermeture de plusieurs centres avec les trois chirurgiens-dentistes de notre panel.. En revanche, ces praticiens ont reçu quelques anciens patients de centres.

TROIS CAS

J’ai reçu 2 patientes qui sont passées par le centre Dentexia de Lyon. La première, il y a 2 ans, s’est présentée avec le courrier d’un confrère qui exerçait dans ce centre. Il l’avait examinée et me demandait d’extraire une dent, de reconstruire la crête et de renvoyer la patiente pour qu’il puisse construire l’implant ! J’ai expliqué à la patiente que soit je faisais tout le travail, soit elle le faisait réaliser ailleurs, et que si c’était moi qui l’effectuais, elle avait l’assurance de me retrouver dans mon cabinet. Finalement, j’ai tout fait. Une autre patiente s’est présentée avec 8 implants posés mais les prothèses n’étaient posées que sur 7 implants. Je pense que le praticien n’a pas réussi à récupérer le dernier implant. Je considère que cette patiente n’a pas été soignée dans les règles de l’art. Son devis pour les 8 implants et les prothèses transvissées s’élevait à 8 000 euros.

Elle a cru faire une affaire. Aujourd’hui, elle a mal, elle a une sinusite carabinée et elle est dépressive. Cette personne m’a dit avoir vu 15 praticiens, jamais les mêmes, chacun se renvoyant la balle. L’un d’entre eux voulait lui poser des implants en bas en lui expliquant que c’était la raison pour laquelle elle avait mal. Elle me demande de retoucher. Je ne peux pas car la responsabilité va m’incomber.

Une autre personne que je soigne depuis 5 ans m’a un jour expliqué son rôle en tant que secrétaire clinique chez Dentexia. Il s’agissait de regarder les radiographies panoramiques pour voir si les patients étaient susceptibles de recevoir des implants et d’en parler ensuite à l’assistante clinique et au dentiste. Je lui ai expliqué que normalement cela se passe dans l’autre sens : c’est le dentiste qui fait le plan de traitement et le secrétariat qui gère.

UNE VISITE

Les patients ne sont généralement pas au courant… J’ai reçu une personne quelques semaines avant que le problème sorte dans la presse. On lui avait posé un implant il y a 1 an dans le centre dentaire. Le traitement s’est arrêté alors qu’elle avait déjà tout payé car elle ne parvenait pas à obtenir un rendez-vous pour la pose de la prothèse. Il n’y avait plus personne. J’ai vérifié l’implant. Tout était correct. J’ai fait un devis pour continuer le travail mais cette personne n’est pas revenue. Je l’ai rappelée et lui ai expliqué que, chez moi, cela se passe en deux temps. D’abord avec un implantologiste qui demande entre 1 000 et 1 200 euros – des prix admis par les assureurs – et, ensuite, chez moi pour la partie prothétique. On lui avait dit que pour 1 000 euros elle aurait l’implant et la couronne par-dessus !

DES RETOURS MARGINAUX

Les gens sont assez peu au courant. Je ne suis d’ailleurs pas certain qu’ils comprennent vraiment ce qui se passe. C’est assez technique. Ils sont plus friands de faits divers comme l’histoire de ce dentiste néerlandais qui mutilait ses patients dans la Nièvre. J’ai eu quelques retours mais assez marginaux. Je m’en suis servi pour dire aux patients que tout n’est pas possible. Mais en fait, j’ai beaucoup plus parlé avec mes patients des low cost étrangers il y a quelque temps que, récemment, des centres dentaires français.

J’ai eu des collaborateurs qui ont travaillé dans ces centres. Ils m’ont dit que ceux-ci obtenaient même des subventions des mairies pour leur création.

En fait, dans ces centres, ils ne sont pas très bien payés. On les pousse clairement à « faire du chiffre ». Pour cela, il faut dévitaliser et couronner là où nous gardons la dent vivante… Ce n’est pas le même monde. Et puis ce n’est pas passionnant comme exercice par rapport au libéral. Et pourtant, les cabinets libéraux ont beaucoup de mal à trouver des collaborateurs. À Garches, j’ai un plateau technique quasi neuf, un cabinet situé devant la gare et je ne trouve pas de collaborateur. Les jeunes sont très attirés par le salariat.