Un cabinet de poche design et chaleureux où l’on se sent comme chez soi. C’est ce qu’a réussi à créer Isabelle Clot, la cinquantaine à peine, dans une petite ville seine-et-marnaise au cœur d’une région qui l’a vue grandir. Diplômée en 1991 de la faculté de chirurgie dentaire Paris 7, cette praticienne indépendante prône l’écoute et la qualité du soin, dans un cadre confortable pensé dans ses moindres détails.
Des étendues sans fin. On est à une cinquantaine de kilomètres de l’Est parisien, en pleine Brie. Champs, cours d’eau et routes se déroulent sous un ciel immense. Arrivée à Rozay-en-Brie, traversé de part en part par la rue du Général-Leclerc, quelques maisons à colombages, une imposante église classée aux Monuments historiques et en face, derrière une façade blanche et des volets bleus, le cabinet d’omnipratique d’Isabelle Clot. Cosy et chaleureux, il se niche au rez-de-chaussée d’un petit immeuble de deux étages. Pour y accéder, un visiophone relié à un écran situé dans la salle des soins que la praticienne peut consulter sans difficulté de son tabouret dentaire – un second écran lui permet également d’avoir l’œil sur l’entrée et la salle d’attente, pour une plus grande sécurité. Passées deux portes, l’atmosphère quasi familière des lieux surprend. Une banque d’accueil aux faux airs de piano à queue précède la salle d’attente attenante où l’on s’installe derrière un rideau de feuillage en trompe-l’œil – une idée de la chirurgien-dentiste pour habiller le panneau vitré isolant phonique qui sépare les deux espaces. Là, musique folk jazzy et magazines récents favorisent une attente agréable et fugitive – Isabelle Clot gérant son planning en vraie chef d’orchestre. Cette exigence est une pièce maîtresse du fonctionnement de son cabinet. Un cabinet régi d’une main de fer dans un gant de velours par cette omnipraticienne de campagne atypique, élégante et relax. Pour elle, soins de qualité et bienveillance ne sont pas de vains desseins, mais une vraie gageure. Débordante de simplicité et de bonne humeur, c’est elle qui fait tout. Irrévocables, son autonomie et son indépendance ont déterminé le choix d’exercer seule, sans assistante.
Un choix qu’elle a pu mettre en œuvre après 2 années à Garancière en tant qu’assistante de consultation, puis 7 années de collaboration suivies de 9 années d’association avec un confrère installé à quelques mètres de son nouveau cabinet. Pour prendre ce virage, il lui aura fallu beaucoup d’énergie, de circonspection, d’audace aussi. « Le cabinet précédent, créé par mon associé, plus âgé que moi, était resté à son image. Il avait un côté plus masculin, plus froid », explique-t-elle. Le compromis lui convient un temps, lui permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle, jusqu’à ce que ses fils prennent leur envol. En 2011, elle se décide à sauter le pas et à tout mettre en œuvre pour exercer enfin à sa façon. « Nous étions déjà propriétaires avec mon mari de cet immeuble, nous avons demandé à notre locataire du rez-de-chaussée de se déplacer au 1er étage, puis je me suis lancée dans les travaux. » C’est Jean Sagnelonge, réparateur, qui lui conseille de s’adresser à la société Bailleul pour le matériel et l’équipement et de confier les travaux à l’architecte Philip Race, spécialisé dans la conception de cabinets dentaires. « Dès qu’il est arrivé, Philip m’a dit que nous devrions plutôt créer un espace sobre car nous étions en face d’une église. » Exit les couleurs flashy et l’agencement clinique. Philip Race va favoriser une atmosphère accueillante, jongler avec les contraintes de la surface réduite et tout en longueur, et faire preuve d’ingéniosité grâce à astuces et détails. C’est la cage d’escalier située au centre des 35 m2 à aménager qui constitue la principale difficulté. Qu’à cela ne tienne, la salle de soins est placée au fond, plus calfeutrée et intimiste. Là, une porte vitrée plonge sur un petit patio gagné sur une grange que l’on a supprimée. Lorsque le patient est allongé sur le fauteuil ivoire signé Anthos, il peut ainsi voir le ciel, tout comme la praticienne si elle se penche légèrement, en direction de la radio murale intrabuccale Myray. Avec une orientation plein sud aux beaux jours, les rayons du soleil se fraient un chemin et viennent dessiner des rais de lumière mouvants sur les murs. « Rien ne fait peur à Philip Race », assure Isabelle Clot, en désignant tous les rangements prévus dans les moindres niches, et jusque sous la cage d’escalier où ont été placés le ballon d’eau chaude et le moteur d’aspiration. Sans oublier des rangements en hauteur grâce à la hauteur sous plafond de 3 m. Pour donner plus de respiration à la salle de soins de 9 m2, une simple vitre la sépare de la stérilisation. Cette disposition facilite encore l’organisation de la chirurgien-dentiste qui exerce toute seule. « Mon assistante, c’est mon autolaveur Clean One 2 et ma ligne Stérilisation d’Euronda », s’amuse-t-elle. Viennent ensuite le couloir et les toilettes puis, à l’opposé, de l’autre côté de la cage d’escalier, l’accueil et la salle d’attente. « L’architecte a tenu à installer une banque d’accueil, qu’il a par ailleurs dessinée, pour une éventuelle future assistante. » Mais rien de tel n’est envisagé… Sur les murs aux tons blanc et brun foncé, des reproductions de photos et de tableaux colorés, gages d’évasion.
« C’est le bonheur d’être seule ! » affirme la praticienne qui a su prendre des risques pour réaliser son rêve. C’était il y a 5 ans. Après 4 mois de travaux « sans aucune erreur ni malfaçon », un important emprunt, de nombreuses nuits blanches et 6 mois de « boulot à fond », là voilà sur les rails. « On n’a rien sans rien », continue celle pour qui Simone Veil reste un modèle de courage et de détermination. Son cabinet bat aujourd’hui son plein. Quatre jours par semaine, « de grosses journées », elle reçoit sa patientèle, issue de 25 km à la ronde. Toujours avec le sourire. Beaucoup de familles – agriculteurs, pilotes de ligne, policiers, enseignants… –, sur 4 générations souvent. « À la campagne, le bouche à oreille est redoutable : un patient content, c’est deux patients de plus, un patient mécontent, c’est dix de moins ! » Preuve de sa réussite, son agenda ne désemplit pas. « La plupart des étudiants croient toujours qu’on ne peut pas offrir la même qualité de soins ni travailler à flux tendu à la campagne. Alors que, comme ailleurs, on pose des digues, des bridges complets sur implants… », ajoute celle qui se définit en riant comme une « dentiste de famille ». L’échange et la disponibilité sont au cœur de son exercice. « Le service, ça n’a pas de prix. D’ailleurs, c’est peut-être ça aussi le lien : le service. » Pour mener à bien son entreprise, elle ne lésine pas sur une organisation optimale, facilitée par la bonne connaissance de ses patients et de leur état bucco-dentaire, et une grande précision dans les dates et les délais. « Seule, comme 33 % de la profession, je fais tout moi-même, et tout de suite. C’est un gain de temps considérable, avec une meilleure gestion de mon agenda. Et puis, c’est aussi un défi. Sans compter que mes patients apprécient de m’avoir directement au téléphone lorsqu’ils appellent. » Le reste du temps, elle met son répondeur et gère après les soins. Son architecte ayant tout de suite saisi le caractère impératif d’un exercice en solo, nombre de moyens pratiques ont été mis en place tels le visiophone et, également, un interrupteur placé en hauteur près de la porte de sortie permettant de tout éteindre en un seul clic. Néanmoins, pour que l’indépendance de cette omnipraticienne soit complète, un tissu de correspondants fiables et compétents l’accompagne. Pour les radiographies, elle envoie ses patients à la clinique de Tournan-en-Brie – encore une manière d’activer réseau et bouche à oreille –, pour la chirurgie buccale implantaire exclusive, chez son confrère Bernard Cannas, à Trilport. Celui-ci organise par ailleurs réunions et formations, notamment sur les techniques de pointe en implantologie, permettant aux praticiens de se rencontrer et de créer du lien. Une autre façon d’exercer donc, où relation entre praticien et patient et temps d’écoute sont de rigueur. Et où recevoir en cadeau un massacre de cerf ou des œufs tout juste pondus est, plus que tout, un gage de reconnaissance et de confiance.
Le spot jaune installé dans le patio que la praticienne allume lorsqu’il fait mauvais ou qu’il pleut : une astuce qui envoie une lumière chaude et orangée dans la salle de soins : « C’est comme si c’était le soleil après la pluie… »