L’orange est mis

Depuis une bonne trentaine d’années que je pratique la photopolymérisation plusieurs fois par jour, je suis un peu gêné par cette lumière bleue de plus en plus violente à mesure que se succèdent les générations de lampes. Les plus récentes, à LED, sont particulièrement toxiques en raison de leur puissance et de leur spectre très ciblé. Bien sûr, je ne regarde jamais la lumière directement durant les 20 ou 40 secondes d’exposition, mais il est difficile de ne pas voir la zone d’insolation durant la première fraction de seconde.

Protection indispensable

Des études canadiennes évaluant la quantité de lumière reçue par les surfaces dentaires montrent à ce propos l’intérêt de bien placer sa lampe et de la maintenir immobile pour optimiser la polymérisation des composites. Les mêmes auteurs recommandent à cet effet de se protéger les yeux afin de regarder le champ opératoire sans être aveuglé par la dangereuse lumière bleue. Les écrans orange en plastique sont pratiques et faciles à utiliser, à condition que l’assistante les positionne correctement, libérant les deux mains du praticien. L’inverse est également possible, mais je ne suis pas très favorable au fait de faire tenir la lampe par l’assistante, celle-ci étant rarement placée de manière optimale. On peut espérer se contenter de la pièce ovale qui s’installe sur l’embout lumineux. Mais cet accessoire n’est d’aucun secours lorsque le faisceau est dirigé vers le praticien, comme c’est le cas dans près de la moitié des situations, si l’on respecte des positions de travail convenables. Une troisième option consiste à porter des sur-lunettes de protection en plastique orange, dont l’efficacité est irréprochable. Reste qu’il n’est vraiment pas pratique ni très hygiénique de chausser ces lunettes à chaque exposition, puis de les retirer ensuite : difficile de mettre en place un composite esthétique, sans voir sa teinte exacte, avec de telles protections sur le nez.

Une solution élégante

Il existe enfin des verres teintés amovibles que l’on peut installer sur ses lunettes de vue, qui se relèvent lorsque l’on n’en a pas besoin et se rabattent sur les yeux en une seconde. En fouillant sur le Net, j’ai déniché les Prisma® Office Pro qui semblaient répondre à mes attentes. Leur prix n’est pas excessif mais tout de même un peu élevé pour un objet de cette nature. D’une grande qualité de fabrication, elles s’installent d’une seule main très facilement sur n’importe quelle monture, en pinçant une petite patte sur le dessus. Le verre orange, antireflet sur ses deux faces, n’est pas extrêmement foncé mais tout à fait satisfaisant pour l’usage recherché. Cet accessoire est vendu pour protéger les yeux des rayonnements bleus émis par les écrans d’ordinateurs, les tablettes numériques et les tubes fluorescents. En situation de travail au fauteuil, la hauteur des verres se révèle malheureusement un peu trop courte : ils ne descendent pas assez sur les pommettes et obligent, si l’on veut bénéficier d’une protection optimale, à pencher exagérément la tête vers le bas. Autre inconvénient que je n’avais pas imaginé et qui me semble condamner définitivement ce genre de dispositif, la lumière du scialytique passe au travers lorsqu’ils sont relevés sur le front, projetant un faisceau orangé plutôt gênant sur le champ opératoire.