Clinic n° 03 du 02/03/2016

 

FABRICE HENRY Président de l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (Unocam)

L’entretien

Anne-Chantal de Divonne  

Le président de l’Unocam, qui rassemble les trois familles de complémentaires de santé, appelle les chirurgiens-dentistes au dialogue, entre partenaires.

Qu’avez-vous pensé de ce Grenelle ?

L’intérêt a été de dialoguer avec toutes les parties prenantes du secteur en amont des négociations. Il est cependant dommage que les pouvoirs publics n’aient pas été présents. Le climat était serein et dépassionné. Nous partageons tous le constat d’un déséquilibre entre la partie curative et la partie prothétique au niveau de la rémunération des cabinets dentaires. L’enjeu pendant les négociations ne sera pas tant de rééquilibrer tel ou tel acte technique d’un point de vue économique mais de poser les fondements d’un virage vers un nouvel équilibre des cabinets dentaires dans lequel les soins seront prépondérants. Les raisons ont été évoquées : l’insuffisance de la prise en charge de la prévention, l’insuffisance de l’accompagnement des patients et la prise en compte des évolutions techniques et numériques. L’axe majeur de notre réflexion est l’accès à des soins bucco-dentaires de qualité.

Vous évoquez la qualité. Est-ce pour vous un aspect important des futures négociations ?

La qualité sera un des sujets évoqués. Je ne veux pas que l’on reste sur des stéréotypes. Lors du débat, j’ai entendu parler des mutuelles comme de structures qui deviendraient des financeurs, qui contrôleraient tous les cabinets et qui imposeraient leur loi ! Je ne pense pas que ce soit l’objectif. En revanche, dès lors que l’on pose la question de la qualité, il faut aussi envisager son évaluation. S’agit-il d’une certification ou d’un autre processus ? Qui évalue et sur quelles bases faut-il évaluer ? Ce qui doit nous préoccuper collectivement, c’est d’abord l’intention d’avoir à la fois des soins et un accompagnement de qualité pour le patient. En engageant le sujet de cette manière, on doit pouvoir trouver des pistes. Ensuite, se pose la question du niveau de rémunération de la qualité. Comment atteint-on la qualité ? La qualité, c’est la formation mais c’est aussi un environnement technique et des protocoles. La Haute Autorité de santé (HAS) est là pour les valider. Un travail très intéressant est à mener dans ce domaine. Dépassionnons le débat et essayons de dépasser les visions clivantes et stéréotypées. Les chirurgiens-dentistes ont vraiment envie d’aller vers un soin qui soit accompagné et vers une santé bucco-dentaire de haut niveau. C’est aussi l’objectif des complémentaires qui veulent financer des soins efficaces et de qualité.

Les réseaux sont cependant un sujet qui fâche…

Je sais. Mais il y a des réseaux de différentes natures. Certains sont négociés avec la profession. Est-ce qu’il vaut mieux discuter entre organismes complémentaires et représentants de la profession ou préfère-t-on avoir des plates-formes qui discutent individuellement avec chaque professionnel et, donc, qui imposent des règles ? Peut-on imaginer que le premier financeur n’ait que le droit de se taire ? C’est déjà le sujet des négociations que nous aurons avec les médecins. Nous ne voulons ni être invisibles ni être cantonnés à un rôle strapontin. Voyons-nous entre partenaires. Par suite de l’avenant 3, nous avons engagé un guide de bonne pratique. Je regrette que tous les syndicats ne soient pas allés au bout de cette négociation avec L’Unocam. Car ce guide nous permet de nous dire des choses désagréables mais aussi et surtout de chercher des solutions pour que les pratiques soient acceptables pour tous. Le dialogue est essentiel.