Les résultats des élections du 11 décembre 2015 ont redistribué les cartes entre les trois syndicats représentatifs de la profession. Propulsée à la première place des syndicats dentaires avec 39,15 % des suffrages, soit 9 points de plus qu’en 2010, la FSDL* s’impose dans le paysage. La CNSD* est rétrogradée au deuxième rang avec 37,6 % des voix. Tandis que l’UJCD*, en progression, redevient un interlocuteur incontournable.
Après le choc des résultats et après une assemblée générale qui a confirmé avec 2/3 des voix l’équipe dirigeante dans sa fonction, la CNSD s’attelle à une réforme interne. « Nous avons une structure lourde, du fait de notre organisation démocratique, qui n’est pas toujours adaptée à la réalité du temps et à l’agrandissement des régions », explique Catherine Mojaïsky, qui se donne 6 mois avec les cadres départementaux pour essayer de refondre l’organisation. Sur le plan conventionnel, la CNSD partage désormais, avec la FSDL, le pouvoir de signer seule la convention, mais aucun des trois syndicats ne peut s’opposer à la signature de l’un ou de l’autre. Il doit pour cela s’associer avec un autre syndicat. Pour Catherine Mojaïsky, il est clair que la vision de l’UJCD pour la profession est « bien plus proche » de celle de la CNSD que de la FSDL : il faudra que chacun se positionne clairement.
La FSDL, grande gagnante des élections, compte déjà sur la présidence des cinq régions (une en 2010) dans lesquelles le scrutin l’a donnée majoritaire (Île-de-France, PACA, Rhône-Alpes-Auvergne, Nord-Pas-de-Calais et Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine) pour « imprégner une nouvelle politique de défense de la profession. Les négociations que l’on connaît depuis 30 ans vont disparaître », prévoit Patrick Solera. « Tout va se jouer dans les régions. Et nous serons alors en première ligne face aux ARS*. »
S’agissant des prochaines négociations conventionnelles, le président de la FSDL est en revanche très dubitatif car les marges de manœuvre sont de plus en plus étroites. « Nous défendrons notre programme, la levée de l’opposabilité, pour essayer de déverrouiller ce qui ne permet pas au cabinet de vivre des soins. » Et « il faudra que l’un des deux syndicats se rallie à notre position », explique Patrick Solera.
« Satisfaite » de sa progression aux élections, l’UJCD envisage de façon très favorable la recomposition du paysage syndical. « Nous redevenons un interlocuteur incontournable », se réjouit Philippe Denoyelle, président de l’UJCD, qui a déjà les yeux fixés sur les prochaines négociations avec l’Assurance maladie. « Nous ne pourrons pas signer seuls – ce n’était pas notre souhait – mais nous pouvons nous allier soit pour signer, soit pour dénoncer une signature par un autre syndicat. »
Après l’élection des représentants aux URPS* au mois de décembre, janvier a été occupé par l’élection des bureaux de chaque URPS. L’UJCD, majoritaire dans une seule région (la Corse) mais prête à faire partie de tous les bureaux, a annoncé sa volonté de soutenir la liste arrivée en tête dans chacune des régions.
La CNSD, échaudée par l’agressivité de la campagne précédant les élections, a choisi de proposer un président d’URPS dans toutes les régions sauf la Corse et la Guyane, où elle n’est pas présente, et de ne pas briguer de poste dans les bureaux si ce président n’était pas élu (sauf spécificités locales) « pour laisser aux listes arrivées en tête dans les régions toute liberté de travailler », explique Catherine Mojaïsky.
La FSDL a proposé des postes aux deux autres syndicats dans les régions où elle se trouvait majoritaire. Mais Patrick Solera est prêt à revenir sur cette décision si elle n’est pas partagée !
* FSDL : Fédération des syndicats dentaires libéraux ; CNSD : Confédération nationale des syndicats dentaires ; UJCD : Union des jeunes chirurgiens-dentistes ; ARS : agence régionale de santé ; URPS : union régionale de professionnels de santé.