Clinic n° 02 du 01/02/2016

 

Enquête

L’Allemagne vieillit et les personnes âgées de plus de 60 ans, qui composent aujourd’hui 27,1 % de la population, soulèvent de nouvelles interrogations en matière de santé dentaire publique.

La multimorbidité et la polymédication font émerger de nouveaux symptômes liés aux effets secondaires des thérapies médicamenteuses, notamment des chimiothérapies. Des modules de prophylaxie spécifiques sont désormais proposés aux personnes âgées et aux malades chroniques. Les instances ordinales et les représentations de la profession se penchent sur ces questions et consacrent également des séminaires de formation pour ces prises en charge particulières. Les chirurgiens-dentistes doivent en effet s’adapter à cette nouvelle composante. Selon les estimations, dans un proche avenir, 75 % de leur temps de travail sera consacré aux personnes âgées. Rattrapée par sa pyramide des âges, l’Allemagne l’est également par sa politique de prévention. Aujourd’hui, le travail prothétique sur les personnes âgées se concentre sur quelques dents, nécessitant des soins et des solutions onéreux, là où autrefois une prothèse totale représentait une solution moins coûteuse. Enfin, la dépendance, qui frappe aujourd’hui 2,5 millions de personnes (3,4 % de la population en 2030), oblige les praticiens à trouver de nouvelles formules de soins. Certains praticiens se spécialisent désormais dans des modèles de prise en charge à domicile ou dans les établissements d’accueil pour personnes âgées. Le volume de ces besoins est estimé à 500 millions d’euros par an.

Nouvelle donne

L’arrivée massive de réfugiés devrait, dans une certaine mesure, compenser ce vieillissement de la population allemande. Au moins à moyen terme. Pour l’heure, elle pose un défi supplémentaire aux professionnels de santé. Depuis l’été dernier, les chirurgiens-dentistes ont été nombreux à prendre en charge ces nouveaux arrivants bénévolement. Les pouvoirs publics s’organisent désormais et certains Länder ont déjà mis à disposition des demandeurs d’asile des cartes d’assurés électroniques (équivalent de la carte Vitale). À Berlin, où 400 migrants arrivent encore chaque jour (soit 63 000 au total depuis cet été), cette carte a été distribuée aux demandeurs d’asile à partir du 4 janvier. Les chirurgiens-dentistes sont désormais rémunérés pour tous les soins apportés à tous les réfugiés, à l’exception des actes prothétiques. Les coûts sont supportés par Berlin.

Chiffres

• Le chiffre d’affaires moyen d’un cabinet dentaire allemand est de 403 000 euros.

• Les frais de personnel (35 %) constituent le poste le plus important, suivis des coûts de laboratoire extérieur (27,3 %) et des frais de fonctionnement généraux (13,8 %) ; 10,1 % sont alloués au matériel, 7 % aux locaux tandis que 5 % sont consacrés aux amortissements.

• En 2014, les soins dentaires représentaient 6,73 % des dépenses de l’assurance maladie contre 10,09 % en 1991. La part des soins dispensés par les médecins est restée constante à 17 %.

• Sur les 13 milliards d’euros dépensés par le régime général pour les soins dentaires en 2014, 57,3 % concernaient des soins conservateurs y compris chirurgicaux, 24,6 % l’implantologie et le prothétique, 7,8 % l’orthodontie.

Exemples de tarifs

• Consultation simple : 16,70 euros (régime général), 12,94 euros (assurances privées).

• Amalgame et polissage : 29,70 euros (régime général), 23,28 euros (assurances privées).

• Anesthésie locale, une injection : 7,42 euros (régime général), 7,75 euros (assurances privées).

• Extraction d’une dent : 13,92 euros (régime général), 14,23 euros (assurances privées).