Les yeux fermés

Présentée au dernier salon de Cologne, la Panavia V5 reprend le même nom générique que ses prédécesseurs, mais n’a plus rien à voir avec les premières colles mises au point par Kuraray. Le produit est ici un composite de collage associé à deux primers en flacons, l’un pour les structures dentaires, l’autre les pièces prothétiques. La compagnie japonaise est depuis toujours leader dans les systèmes adhésifs, en particulier automordançants. Comme dans la série des Clearfil(r), ce nouveau matériau contient du MDP, un monomère organique capable de se lier chimiquement aux minéraux de la dent. Comme toujours chez ce fabricant, les produits sont conditionnés sous une forme particulièrement pratique et soignée.

Le même pour tous

Le kit d’introduction contient une petite seringue bi-corps de 5 ml, disponible en teinte universelle A2 (celle que j’ai testée) ou claire, brune, blanche ou opaque, et de deux flacons, l’un de Clearfil(r) Ceramic Primer Plus à capuchon blanc, l’autre de Tooth Primer(r), à bouchon bleu nacré. Le Panavia V5 est à usage universel. Il répond à toutes les indications de collage, qu’il s’agisse d’éléments métalliques (couronnes coulées ou céramo-métalliques), ou de céramiques et composites de toutes sortes, sans oublier les tenons radiculaires. Pour chacune de ces prothèses, une page du dépliant fourni dans le coffret détaille en images les étapes du protocole. Le Ceramic Primer est un silane assurant le collage à la céramique, et le Tooth Primer, un primaire automordançant pour traiter la dentine. Ces deux produits sont appliqués avec une microbrosse durant 20 secondes, puis séchés sans rinçage. L’intrados des éléments en céramique mordançable doit d’abord être traité à l’acide fluorhydrique puis rincé et séché. La zircone peut être légèrement sablée avant application du primaire céramique. Les éléments en métal précieux, enfin, doivent quant à eux recevoir une couche d’Alloy Primer du même fabricant. Il est recommandé de mordancer les bords d’émail à l’acide phosphorique pour un meilleur collage à la dent.

La résine s’écoule facilement dans l’embout de mélange. L’A2 est légèrement translucide, quasi invisible. La prothèse une fois en place, il faut attendre 3 minutes pour la prise complète de la colle. Les excès peuvent être plus rapidement durcis en appliquant la lumière d’une lampe à polymériser durant quelques secondes sur chaque face.

Fluide et translucide

La facilité d’utilisation de ce produit est telle qu’il est bien difficile d’émettre des critiques à son égard. Peut-être gagnerait-il à être un peu moins fluide pour un contrôle plus facile des débordements. J’ai trouvé les excès assez longs à durcir d’eux-mêmes au niveau des limites prothétiques. Polymérisés à la lampe, ils se détachent facilement au début, mais la couleur très claire de la résine les rend peu visibles et difficiles à distinguer une fois bien durs. Enfin, même si les facettes peuvent bénéficier de ce type de collage, il est souvent plus avantageux d’employer un composite photopolymérisable spécifique, de viscosité moyenne, qui permet non seulement de les installer en toute quiétude, mais également de retirer les excès plus confortablement. Au final, le Panavia V5 est un produit très bien pensé qui évitera au plus grand nombre de s’interroger sur le protocole de collage selon le type de prothèse. Le kit d’introduction contient tout ce qu’il faut en quantité suffisante pour un prix très abordable. La seule chose que je lui reproche, ce sont les microbrosses très classiques, mais tellement désagréables à utiliser avec leur manche ridiculement étroit, leur pompon plutôt volumineux et la souplesse de leur articulation qui empêche de frotter vigoureusement la dentine pour obtenir une couche hybride de bonne qualité.