Clinic n° 01 du 01/01/2016

 

PRESSE INTERNATIONALE

NOTRE SÉLECTION

Contexte

Les résines en composite dentaire contenant du bisphénol A-diglycidyl diméthacrylate (bis-GMA) offrent une moindre contraction à la polymérisation et sont plus résistantes que les résines acryliques. Les propriétés de ces composites peuvent être modifiées pour les rendre compactables (ou non fluides) ou fluides et, par conséquent, appropriés pour différentes utilisations en dentisterie. Les composites compactables sont utilisés pour restaurer les cavités dues...


Contexte

Les résines en composite dentaire contenant du bisphénol A-diglycidyl diméthacrylate (bis-GMA) offrent une moindre contraction à la polymérisation et sont plus résistantes que les résines acryliques. Les propriétés de ces composites peuvent être modifiées pour les rendre compactables (ou non fluides) ou fluides et, par conséquent, appropriés pour différentes utilisations en dentisterie. Les composites compactables sont utilisés pour restaurer les cavités dues aux lésions carieuses, tandis que les composites fluides sont utilisés pour les restaurations préventives et le scellement des puits et fissures. Des inquiétudes se sont manifestées à propos de la sécurité biologique de ces matériaux. Des études en laboratoire ont montré que le bisphénol A (BPA), qui s’échappe des composites à base de bis-GMA, peut affecter de façon nocive l’être humain, en provoquant des désordres du système endocrinien, des altérations de la signalisation neuro-endocrine, des désordres métaboliques et un dysfonctionnement immunitaire. Les concentrations urinaires de BPA ont été associées à un risque de maladie des artères coronaires chez l’adulte ainsi qu’à une obésité et à une résistance à l’insuline chez l’enfant et l’adulte.

Le bis-GMA a aussi été impliqué dans la dérégulation de la fonction immunitaire. Le NECAT (New England children’s amalgam trial) est une étude clinique randomisée qui n’a montré aucun effet neuropsychologique indésirable lié à l’amalgame dentaire par rapport aux restaurations en composite, mais il a aussi étudié les effets des résines en composite sur le système immunitaire (tableau 1). Une seconde analyse des données de la sous-étude sur la fonction immunitaire de NECAT a été réalisée pour évaluer les matériaux en résine composite en relation avec tout changement au niveau des cellules immunitaires chez les enfants pendant une période de 5 ans.

Méthodes

La fonction immunitaire de 59 enfants a été mesurée avant le traitement et jusqu’à 5 fois pendant la période de 5 ans. La relation entre 3 types de résines en composite et les modifications des marqueurs de la fonction immunitaire a été évaluée chaque année. Les 3 types de résines en composite étudiés étaient des composites fluides à base de bis-GMA utilisés pour les scellements de sillons préventifs, des compomères de restauration à base d’uréthane diméthacrylate (UDMA) et des matériaux pour restauration à base de bis-GMA.

Résultats

Quatre-vingt-neuf pour cent des enfants ont reçu un traitement dentaire à base de résine composite lors de leur visite initiale mais, à la fin des 5 années de l’étude, ils avaient tous reçu une restauration en résine composite. Les compomères ont été plus fréquemment utilisés au début de l’étude pour restaurer les dents temporaires, les composites étant plus souvent utilisés pendant le suivi pour le traitement des nouvelles caries sur les dents permanentes. La plupart des dents temporaires restaurées au compomère étaient tombées avant la fin du suivi. Au bout de 5 ans, 58 % des enfants présentaient un composite sur leurs dents permanentes, essentiellement des ciments de scellement qui étaient placés de façon routinière comme indiqué.

Vingt-neuf pour cent des participants avaient de l’asthme ou une allergie. Les nombres de lymphocytes et de granulocytes au début de l’étude se situaient dans les limites normales et n’ont pas changé de façon significative pendant la période de suivi. Le nombre de monocytes était plus élevé que la normale au début de l’étude ainsi que 5 et 7 jours et 6 mois après le traitement, mais il revenait généralement à la normale pendant une période de suivi plus longue. Aucune relation n’a été détectée entre le nombre de globules blancs ou la fonction lymphocytaire et un type de matériau. Une relation positive a été notée entre le nombre de composites non fluides à base de bis-GMA et les changements de l’activation des cellules B, avec une activation augmentée au bout de 6 mois et de 1 an, mais pas au bout de 5 ans.

En présence d’un nombre plus important de composites fluides ou non à base de bis-GMA, les fonctions monocytes et neutrophiles chutaient au bout de 6 mois et 1 an, mais pas au bout de 5 ans. Le nombre de restaurations en composite standard à base de bis-GMA présentes était relié à de plus importants marqueurs de l’activation des cellules B pendant la période de suivi. Pour l’amalgame, les marqueurs des cellules B indiquaient des diminutions de réponse par rapport au début de l’étude. Des associations positives entre des traitements cumulatifs de composite pendant la période de suivi et les modifications de réponse des cellules B ont persisté, avec des estimations similaires pour les résines en composite à base de bis-GMA fluides et non fluides.

Discussion

Les taux des composites dentaires n’ont pas été reliés de façon systématique au taux de globules blancs ou à la réponse des cellules T ou neutrophiles. La réponse des monocytes a décliné pendant les 6 mois suivant la mise en place des restaurations ou des ciments de scellement, les plus grandes restaurations en composite à base de bis-GMA entraînant la baisse la plus importante. Aucun effet n’a persisté après une longue période de suivi. Le fait d’avoir plus de restaurations en composite à base de bis-GMA a entraîné plus de changements dans la réponse des cellules B pendant toute la période de suivi.

APPLICATION CLINIQUE

Les dentistes devraient être conscients du fait que la sécurité à long terme de certaines résines en composites dentaires, en particulier celles à base de BPA, n’est pas clairement définie. Les patients inquiets du possible relargage de BPA de leurs restaurations en composite peuvent être rassurés sur le fait que ces matériaux n’altèrent pas réellement les fonctions immunitaires chez les enfants.