Aussi différents que complémentaires, Nam Ngo et Patrick Fournier ont su créer une homogénéité à la fois authentique et subtile dans leur cabinet de l’Est parisien. Leur espace de travail est le fruit d’expériences professionnelles respectives, d’une réflexion sur la pratique et d’ajustements au long cours. Leur credo ? Une quête constante d’équilibre.
Le résultat n’était pas garanti. Car comment totalement transformer un cabinet ancien d’un peu moins de 90 m2 aux volumes désuets en une structure moderne, lumineuse, ergonomique et chaleureuse ? C’est le défi que se sont fixé, il y a quatre ans, les deux jeunes praticiens, décidés à créer un cabinet qui leur corresponde. Pour y parvenir, il leur aura fallu une bonne dose de patience, d’inventivité et d’aplomb, sans oublier la contribution de professionnels compétents pour le financement, les transformations et l’agencement. « Nous avons exploité tous les volumes et avons même réussi à installer un petit laboratoire de prothèses pour la coulée d’empreintes, les mises en articulateur, le façonnage de gouttières… Ce qui, de plus, nous a ouvert un bel espace de stockage », explique Patrick Fournier, l’un des deux associés. La réussite du cabinet résulte d’une alchimie entre gestion de l’espace et choix de qualité : bon matériel, beau mobilier, décoration sobre. La capacité d’écoute et d’échange entre chaque protagoniste y est aussi pour quelque chose. Aujourd’hui, Nam Ngo et Patrick Fournier, secondés respectivement par leurs assistantes Najat et Mélodie, forment une équipe soudée « où l’entente est très importante » confirment-elles. Des fenêtres, on voit la rue où s’écoule paisiblement une vie de quartier, un quartier en pleine mutation où cohabitent artisans, commerçants, artistes, jeunes cadres, retraités. L’impression d’être au cœur d’un village. Pour Najat, sourire aux lèvres, pointant un immeuble : « J’habite juste là, ce cabinet était fait pour moi. »
À peine entré, on est frappé par le calme et l’harmonie discrète que créent clarté et couleurs sobres dans l’espace ouvert formé par l’entrée, l’accueil et la salle d’attente. « Un cabinet, ce n’est pas une question de volume, mais de lumière. Celle-ci est indispensable. Au début, nous étions inquiets par la surface que nous avions à aménager mais, en privilégiant ouvertures et dégagements et en facilitant le passage de la lumière naturelle, ça marche très bien », commente Nam Ngo. Avant même de commencer les travaux, l’idée est de ramener la lumière et de tout axer sur la circulation dans l’appartement anciennement étriqué. De fait, pas moins de quatre larges fenêtres apportent respiration et lignes de fuite dans les locaux. De simples touches de couleur dans un environnement clair sont proposées pour ne pas alourdir l’espace et favoriser une dynamique. Pour la salle de soins de Nam Ngo, ce sera du gris taupe et du blanc ; pour celle de Patrick Fournier, du bleu, du blanc et du gris acier. Dans la première, une atmosphère zen, sobre ; dans la seconde, l’appel des grands espaces – mer, ciel et montagne –, une passion pour le praticien qui pratique escalade et voile. Aux murs, un tableau signé Tristan Rain, peintre du gris et du bleu, des photos de pics rocheux ou de bateaux ; sur les portes, une signalétique claire ; au-dessus des fauteuils Planmeca, des plafonniers à LED restituant l’équivalent d’une lumière du jour à basse température ; dans la salle d’attente, des chaises confortables et discrètes, gris foncé. Et pour seules touches d’éclat, mouvantes, les blouses des assistantes, lilas et rose fuchsia. Quant au guichet d’accueil conçu en panneaux transparents, il reste dans l’esprit voulu pour tout le cabinet et embrasse d’un seul coup d’œil la vaste entrée où quelques bandes bleu paon tranchent sur le blanc prédominant. Ainsi, tout l’espace est subordonné à deux maîtres mots : clarté et circulation.
Mais quelle est la genèse de ces lieux ? Avant toute chose, il s’agit d’une rencontre. Et d’une complémentarité manifeste entre les deux protagonistes de cette aventure. Cela fait déjà plus d’une décennie qu’ils se connaissent. La trentaine avancée, diplômés en 2003 de la faculté de chirurgie dentaire Paris-Descartes, tous deux animés par le désir de soigner et d’aider. L’un est habité par le maniement des mots, l’autre par le sport et la nature. Le premier, Nam Ngo, oriente sa pratique vers la parodontologie ; le second, Patrick Fournier, vers la prothèse et l’implantologie. Ils n’en restent pas moins des omnipraticiens pour qui prise en charge globale et travail d’équipe prévalent. C’est durant la 4e année de son cursus universitaire que Nam Ngo repère ce qui fera le cœur de sa pratique : un engagement au plus près du patient. Il effectue un stage en fin de 6e année dans le cabinet parisien de Jean-Luc Giovannoli où trois aspects le frappent : l’écoute, la pratique haut de gamme accessible et l’importance d’une approche globale même si un chirurgien-dentiste exerce une spécialité. Il y apprend à gérer en chef d’orchestre et à soigner chronologiquement et de façon cohérente. Une fois son diplôme en poche, il continue de s’y rendre une fois par semaine, en qualité d’assistant, et s’organise pour ses autres collaborations. Sa motivation ? « Observer, apprendre, me créer des repères avant de m’installer. » Giovannoli lui propose alors de s’occuper des reportages de sa revue trimestrielle Titane. Qu’à cela ne tienne, il ajoute une corde à son arc, cumule les rencontres, se forme : CES en biomatériaux et en parodontologie, DU d’implantologie et de chirurgie pré-implantaire et péri-implantaire, assistanat hospitalo-universitaire. Les années passent. Concomitamment, son camarade de promo, Patrick Fournier, suit un chemin analogue, multiplie expériences et rencontres : porté par l’aspect manuel et minutieux de la pratique, lui aussi veut expérimenter, approfondir, assimiler avant de s’installer. Fils de chirurgien, très organisé, ce qui le passionne c’est de « se servir de ses mains sur le vivant ». Les collaborations se succèdent, entrecoupées de voyages. Il est également attaché, pendant 3 ans, dans le Service de stomatologie de l’hôpital Saint-Antoine, ainsi qu’en prothèse fixée à l’hôpital Albert-Chenevier de Créteil où il suit l’un de ses mentors, Daniel Dot (MCU), qui le frappe par un sens clinique affûté mêlant analyse, rigueur et exigence. CES de prothèse fixée en poche, il devient assistant hospitalo-universitaire dans le Service de prothèses à la faculté de Montrouge. Passionné de chirurgie, il s’intéresse naturellement à l’implantologie et décide qu’il placera lui-même les implants qui serviront de support à ses prothèses. Il obtient un DU d’implantologie et commence à poser ses propres implants chez un chirurgien-dentiste parisien où il fait déjà toutes les chirurgies du cabinet, « un homme passionné, consciencieux, simple et généreux ». Il raconte : « J’avais mon propre fauteuil, une assistante, j’ai eu le champ libre pour développer ma pratique et, en plus, me faire une patientèle. » En 2010, Nam Ngo et Patrick Fournier sont fin prêts. Il est temps de s’installer. Ce sera à quatre mains et non pas en solo. Leurs exigences : trouver un cabinet, conforme aux normes d’accessibilité, dans l’Est parisien pour que l’un comme l’autre conservent les patients désireux de les suivre et, enfin, offrir une prise en charge en omnipratique avec leurs orientations respectives : parodontologie, implantologie et prothèse. Ils sont en phase, il ne reste qu’à trouver le lieu, ce qui n’est pas la partie la plus simple.
Car s’il est aisé d’échafauder un projet d’envergure, dénicher une perle avec un budget serré dans l’immobilier parisien relève quasiment du miracle. Néanmoins, les futurs associés sont obstinés. Et perspicaces. Après une longue recherche et quelques options sérieusement envisagées, ils saisissent une chance qui se présente à eux : un vieux cabinet d’une trentaine d’années. Ils décident de se jeter à l’eau, demandent au concepteur de cabinets dentaires Patrice Leroux de les accompagner dans la transformation des lieux. L’objectif : créer deux salles de soins, un bloc, gagner de l’espace, favoriser ergonomie, circulation, bien-être. La patte de l’architecte d’intérieur Agathe Proust vient compléter la mise en œuvre des travaux. Elle règle notamment un problème technique en ouvrant tout un volume : entrée, salle d’attente et accueil. Le poumon du cabinet. Pendant presque une année, le cabinet est un chantier… et l’on y reçoit les patients ! Un défi et une réussite. « Il a fallu une organisation optimale entre nos emplois du temps et la répartition des travaux, pensés par étapes successives et permettant de ne fermer le cabinet qu’une quinzaine de jours », se souvient Nam Ngo. Au fil des opérations, deux salles de soins, la stérilisation, une salle d’attente et un accueil sont continuellement dégagés et parfaitement opérationnels. Seule la stérilisation ne sera pas intégralement refaite, mais le matériel et de nombreuses machines sont remplacés. « C’était compliqué, il a fallu concevoir un véritable plan de traitement pour notre cabinet, avec des étapes provisoires fonctionnelles », continue Patrick Fournier. Un vrai travail d’équipe. En 10 mois, le cabinet fait peau neuve. La suite, on la connaît… Comme quoi : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »
« Nous continuons de vivre une belle aventure, car rien n’est jamais figé. En nous associant, nous avons réussi à mettre en œuvre notre vision commune de la dentisterie : offrir à nos patients un large panel de soins, en lien avec un réseau de praticiens de qualité. »